ITW méga intéressante, Qui annonce de belle merde dans un proche avenir, a mon avis le club va changer 3/4 fois d'actionnaires pour être stable
"Pour RLD, l’OM était le seul échec de sa vie…" Robert Louis-Dreyfus lors du procès des comptes de l'OM au tribunal correctionnel de Marseille en mars 2006.
Journaliste à " La Croix ", Jean-Claude Bourbon a écrit avec Jacques-Olivier Martin une biographie de Robert Louis-Dreyfus (1). Cette enquête lui a permis d’interviewer à de nombreuses reprises celui qu’il qualifiait de "Don Juan des affaires" et de maîtriser les arcanes des réseaux RLD. Il décrypte la relation complexe de Robert Louis-Dreyfus avec l'OM et évoque le futur du club : pour lui, le processus de vente est d'ores et déjà dans les tuyaux.
- La maladie de Robert Louis-Dreyfus s’est-elle aggravée subitement ?Jean-Claude Bourbon : "Il souffrait d’une leucémie depuis une dizaine d’années. Il a bénéficié d’une rémission, puis la maladie est revenue. Il est devenu physiquement méconnaissable. La dernière fois qu’il est venu à Marseille, certaines personnes ne l’ont pas reconnu… Son état s’est dégradé en début d’année : il a tenté une greffe de la dernière chance, qui n’a pas marché. Il était mourant depuis deux mois… Personne ne le savait, sauf son entourage le plus proche. Pape Diouf n’a dû en prendre conscience qu’à l’occasion de leur rencontre en Suisse.
- Est-ce que ça a influé sur les crises que vient de traverser l’OM ?J-C.B. : Effectivement, ça explique peut-être ce qui s’est passé ces dernières semaines. Il ne venait plus à Paris, seul Vincent Labrune s’exprimait pour lui y compris dans les discussions avec les différents acteurs du dossier… Mais ce qui s’est passé est dans la droite ligne de ce qui se préparait depuis bientôt un an. Robert Louis-Dreyfus avait été très meurtri par sa condamnation dans le procès des comptes de l’OM. Il m’avait expliqué que l’OM, c’était le seul échec de sa vie. Il m’avait notamment dit : ‘Ce club m’a pris mon argent, ma santé et mon honneur’. Il avait donc lancé la reprise en mains de l’OM, avec la montée en puissance de Vincent Labrune et des deux frères Veyrat dans le club, car il avait une profonde méfiance envers Pape Diouf, même s’il reconnaissait ses qualités. Son entourage a donc tout verrouillé.
- Vous voulez dire que RLD cherchait toujours à vendre l’OM ?
J-C.B. : Après sa condamnation en appel, il avait inscrit dans sa tête le désengagement de l’OM. Ca ne s’est pas fait parce qu’il n’a pas retrouvé de repreneur crédible. Après le malheureux épisode Kachkar, il savait qu’il n’avait pas droit à l’erreur. En plus, comme les résultats sportifs se sont améliorés, il s’est dit qu’il pouvait partir en beauté, en gagnant quelque chose. C’était son côté joueur de poker, qui a longtemps remis au pot : il voulait s’en aller sans perdre la face et en récupérant sa mise.
- Comment expliquait-il son échec marseillais ?
J-C.B. : Il reconnaissait n’avoir jamais réussi à mettre les bonnes personnes à la tête du club. Il disait aussi que ‘L’OM rend fou’ et citait l’exemple de Pascal Marchand, racontant que la discrétion et la rigueur très suisses de ce cadre d’Adidas avaient explosé au bout de quelques mois à Marseille. Dans les affaires, Robert Louis-Dreyfus a à peu près tout réussi, Adidas, Neuf Cegetel, Saatchi & Saatchi, sauf Marseille ! Il s’en voulait profondément de ne jamais avoir réussi à comprendre ce club, qui à son échelle n’était qu’une PME, il le vivait comme un échec personnel. Quand il est arrivé à Marseille, tout le monde l’a prévenu de la complexité mais il l’a pris comme un défi, il a voulu faire taire ceux qui lui déconseillaient d’y aller.
- Son management de l’OM paraît particulièrement mystérieux. Il a placé à la tête des couples dont il était prévisible qu’ils allaient se déchirer, comme la paire Dubiton-Tapie ou Bouchet-Anigo…J-C.B. : Le problème, c’est que du fait de ses affaires, RLD ne pouvait pas être présent à Marseille. Il a donc pensé pouvoir gérer le club par procuration, mais ça n’a jamais marché : comme il pensait que Marseille rend fou, il imaginait aussitôt un contre-pouvoir, d’où ces fameux couples antinomiques. Le plus curieux, c’est que ce n’était pas une manière de conserver le pouvoir, parce qu’il savait que ses absences l’obligeait à déléguer.
- RLD entretenait une relation complexe avec Marseille, pour ne pas dire schizophrénique…J-C.B. : C’était quelqu’un de très discret, peu à l’aise avec les médias, introverti, il ne se sentait pas très bien à Marseille. En plus, il nourrissait un problème psychologique avec cette ville et l’OM : il pensait que sa leucémie, c’était à cause de Marseille ! Il est tombé malade peu après le rachat du club et chaque fois qu’il y a eu de gros problèmes à l’OM, c’était alors qu’il était en traitement médical aux Etats-Unis… En même temps, c’était vraiment un passionné de sport et ça lui a fait perdre la raison sur l’OM, il était naïf dès qu’il était question de football : n’importe quel margoulin pouvait lui faire croire que tel ou tel joueur était une merveille. Alors qu’il était un vrai requin ailleurs, on pouvait tout lui vendre à Marseille… Il trouvait de l’adrénaline dans le football !
- Il était très étonné des jeux politiques marseillais. Exact ?
J-C.B. : Il y a eu beaucoup de méfiance de la part des élus. Louis-Dreyfus racontait qu’à son arrivée, tout le monde l’a soupçonné de vouloir faire une carrière politique, ce qui n’était pas du tout son truc. D’ailleurs, ce n’est pas un secret de dire qu’il n’était pas sur la même longueur d’ondes que Jean-Claude Gaudin. Très souvent, le maire de Marseille a appris des choses importantes en lisant la presse…
- Comment vivait-il les nombreuses critiques des supporters, souvent violentes ?
J-C.B. : Ses rapports étaient très compliqués. Ainsi, sa femme s’est fait insulter par le stade et n’a jamais voulu revenir à Marseille. Pourtant, il le prenait avec philosophie. En même temps, il avait un sentiment d’injustice, particulièrement quand fusaient les slogans ‘Rends les sous au peuple marseillais !’. Même si Marseille a pu lui être utile pour développer ses affaires, particulièrement lorsqu’il a fallu tester certaines technologies comme le câble, il restera comme un vrai mécène pour l’OM.
- Pourquoi s’est-il rapproché à plusieurs reprises du Milieu, notamment à l’occasion de conflits avec les supporters ?
J-C.B. : Il a toujours eu envie de fréquenter l’infréquentable, depuis sa jeunesse. Après avoir raté son bac, il a gagné un temps sa vie en jouant au poker. Il aimait le mélange entre les costumes-cravate du jour et des affaires et les copains dépenaillés du soir et des parties de cartes. Par exemple, Courbis et Acariès le faisaient beaucoup rire. Il s’est aussi rendu compte qu’il devait faire des concessions pour tenir les supporters de l’OM.
D’après vos informations, le groupe Louis-Dreyfus conservera-t-il l’OM ?J-C.B. : C’est la question à 200 millions d’euros ! L’héritier de RLD, c’est clairement Jacques Veyrat, c’est lui qui tient la maison. Même si c’est un passionné de foot, je ne pense pas que l’OM restera longtemps dans le giron du groupe. La présence de son frère dans les instances dirigeantes du club était déjà une manière de préparer une cession. A l’échelle du groupe Louis-Dreyfus, l’OM, c’est beaucoup d’ennuis pour pas grand-chose… La question qui se pose aujourd’hui, c’est donc de trouver un repreneur".