L'Equipe samedi 5 août merci à omlive.
Ribéry se met hors jeu
L’international a annoncé hier soir sa décision de quitter l’OM. Pour Arsenal ?
SIGNE DES TEMPS, à quelques
minutes de l’ouverture de la saison
sur Canal+, Franck Ribéry a annoncé
au 20 heures de TF 1, dans une sorte
de bande annonce avant l’émission
Télé Foot de demain matin, sa décision
de quitter l’OM. Annonce le vendredi
soir. Pour les détails, prière
d’attendre dimanche matin.
L’essentiel est évidemment ailleurs.
Deux ans après le départ de Didier
Drogba, Marseille risque de perdre
son meilleur joueur du moment. Un
an après son départ de Galatasaray,
un an et demi après son départ de
Metz, Franck Ribéry veut de nouveau
changer de club. En mai 2004, il évoluait
en National, à Brest. En juillet
dernier, il disputait la finale de la
Coupe du monde avec les Bleus.
Avec lui, tout s’accélère, instable
dans un club qui ne l’est pas moins.
Double effet multiplicateur.
Résumé des chapitres précédents.
L’été dernier, Ribéry est à Galatasaray.
Ses salaires n’ont pas été payés
depuis plus de trois mois, et c’est un
motif de libération du contrat. Bruno
Heiderscheid, nouvel agent du
joueur après John Biko, propose
Ribéry àDidier Deschamps (Monaco)
qui ne donne pas suite. L’agent
contacte alors Pape Diouf, qu’il
connaît depuis six ans. Le président
de l’OM dit banco. Heiderscheid et
Ribéry payent les frais d’avocat pour
se libérer de Galatasaray, mais
l’agent ne demande pas au président
de l’OM un mandat de représentationaunomduclub,
en raison de leur
vieille relation. Ribéry débarque à
l’OM.
En mars dernier, tout va pour le
mieux entre le club marseillais et le
joueur. Franck Ribéry paraphe une
prolongation de contrat avec Marseille,
jusqu’en 2010. 150 000 euros
de salaire, à l’époque le troisième du
club derrière Fabien Barthez et
Peguy Luyindula (prêté à Auxerre).
C’est l’idylle entre le joueur, le club et
les supporters. Mais un dossier
traîne depuis neuf mois. Celui du
passage de Ribéry de Galatasaray à
Marseille.
En mai, Jean-Michel Aulas le courtise
au grand jour, lui demandant son
numéro de portable en public, aux
Trophées UNFP retransmis sur
Canal +. Fureur de José Anigo puis
de Pape Diouf qui annoncent tout de
go que jamais Ribéry n’ira à Lyon.
Début juin, le joueur part à la Coupe
du monde avec les Bleus après avoir
clamé son désir de rester à l’OM. Le
20 juin, dans Aujourd’hui en France,
il annonce pourtant qu’il veut quitter
l’OM pour Lyon. Son avant-dernière
déclaration publique avant hier soir.
Diouf : « S’il part,
ce ne sera pas
avant un an »
Lundi sur, OM TV, l’international a
annoncé qu’il allait respecter son
contrat à Marseille, donc y rester
quatre ans de plus, clamant son attachement
au club et à ses supporters.
Depuis hier soir, c’est la rupture.
Comment comprendre ?
En fait, il n’a pas changé d’avis
depuis son départ en Allemagne
avec les Bleus. Il a subi une cour
effrénée de la part de Jean-Michel
Aulas et de Lyon avec ces arguments
: une multiplication de son
salaire (entre deux fois et demi et
trois fois celui de l’OM), titularisation
sur le flanc droit, participation à la
Ligue des champions. De l’autre
côté, il souffre d’une absence de
communication avec Pape Diouf,
lequel, au sujet de l’international,
aura quasiment ce seul commentaire
: « Quand il rentrera de
vacances, la première chose qu’il
devra faire, c’est de se rendre dans
mon bureau » .
Entre les trémolos lyonnais et les
coups de règle sur les doigts, Franck
Ribéry acommencéà beaucoup hésiter.
De retour de vacances lundi dernier,
il a suivi de près le feuilleton
relationnel entre Pape Diouf et son
agent, resté cinq jours à Marseille
sans pouvoir rencontrer le président
de l’OM. De fait, Heiderscheid n’a
rencontré que Julien Fournier et José
Anigo, respectivement directeurs
administratif et sportif. Lesquels lui
ont proposé, au nom de Pape Diouf,
de lui verser, à la mi-septembre, la
commission de 600 000 euros que
l’agent réclamait depuis le transfert
du joueur de Galatasaray à Marseille.
À cette date, car les finances
du club ne le permettent pas avant,
et à condition que Franck Ribéry
affirme fermement vouloir rester
quatre ans à Marseille.
Au passage, les messagers du président
de l’OM ont également proposé
que le salaire mensuel de l’international
passe à 185 000 euros, c’està-
dire à hauteur de celui de Peguy
Luyindula. Ce qui est encore loin de
la proposition minimum lyonnaise
(250 000 euros).
Hier soir, Franck Ribéry a évoqué un
club à propos de départ. Il n’est pas
certain que ce soit Lyon, le courtisan
déclaré. Car dans l’ombre, Arsenal
suit le dossier depuis des semaines.
Pendant la Coupe du monde, la complicité
entre Thierry Henry et Ribéry
n’a échappé à personne. Le club
anglais cumule deux handicaps. Succéder
à Chelsea en tant que kidnappeur
de meilleur joueur de l’OM
(après Drogba il y a deux ans) après
avoir été l’auteur du rapt de Matthieu
Flamini en 2004. Mais Arsenal
peut aussi faire figure de solution
alternative pour l’OM. Pour Pape
Diouf, l’affaire est claire : « Franck
Ribéry a un contrat de quatre ans
chez nous. S’il part, ce ne sera pas
avant un an » . Une position ferme
qui s’adresse à Lyon, défini comme
l’ennemi public sur ce dossier. Mais
si c’était Arsenal ?
DOMINIQUE ROUSSEAU
L’ÉDITO
À N’Y RIEN COMPRENDRE
Franck Ribéry est un phénoène. L'écrire, évidement, n'est pas
une révélation. Dirigeants, entraîneurs, partenaires,
agents, adversaires ou supporters connaissent
déjà les premiers épisodes d’une série au succès jamais
démenti. Un feuilleton dont il est le héros depuis trois
petites saisons dans l’élite seulement, sans que l’on
comprenne encore qui est l’auteur d’un scénario qui offre
sans retenue une pelletée de rebondissements.
Le dernier, hier dans le journal de 20 heures de TF 1, ajoute
à la riche collection. C’est au cours de la grand-messe
télévisée que le jeune international a clairement annoncé
qu’il souhaitait quitter prochainement l’OM, laissant à ses
employeurs, l’actuel et le futur (qu’il n’a pas voulu
nommer), le soin de s’entendre. Un contre-pied de plus.
C’est le même joueur professionnel qui affirmait à l’OM TV,
le 31 juillet dernier, jour de sa rentrée sportive, qu’il était
toujours marseillais, sous contrat et content d’être là. C’est
encore lui qui avait confié au Parisien, pendant la Coupe du
monde, qu’il avait choisi de jouer à… Lyon, la saison
prochaine.
Vous y comprenez quelque chose ? Franck Ribéry lui-même
se retrouve-t-il dans toutes les péripéties de cet imbroglio
qui ont émaillé son départ de Metz pour Galatasaray en
janvier 2005 puis son transfert rocambolesque du club turc
vers l’OM il y a un peu plus d’un an ? Aujourd’hui, on peut
se demander si Franck Ribéry a les épaules aussi larges que
ses pieds sont adroits pour supporter une telle pression. Où
tout cela le mènera-t-il ? Est-il le maître de son destin
ou une proie facile ?
Sur le plan sportif, il a démontré que toutes ces péripéties
n’influaient pas encore sur ses performances puisqu’il s’est
glissé en quelques mois de L 1 dans la peau d’un candidat à
l’équipe de France puis dans celle d’un titulaire indiscutable
chez les Bleus. Mais, à vingt-trois ans, tout en comprenant
cette légitime ambition sportive, que l’OM, selon lui, ne
peut lui apporter immédiatement, on peut s’interroger sur
les vertus du déménagement perpétuel.
Depuis Nicolas Anelka et ses successives envies de
transfert, le football français n’avait plus connu semblable
situation. L’ancien Parisien y a, sûrement, en partie
consumé prématurément un peu de cette belle flamme qui
le faisait briller si jeune. Quel sort attend Franck Ribéry ?
La suite au prochain épisode…
L'Equipe
Aulas : « On peut peut-être aider l’OM»
DÈS LA FIN de la rencontre Nantes-Lyon (1-3), après avoir
exprimé son bonheur d’une première victoire, le président
lyonnais, Jean-Michel Aulas a été happé pour s’exprimer sur
l’affaire Ribéry. « Je n’ai pas suivi le reportage de TF 1. Je suis
comme vous, j’écoute ce qui se passe. Ces derniers jours, le
président de Marseille a dit beaucoup de choses. Si sa position
change, on sera attentifs et à l’écoute. On reste calme
mais si l’OM évolue, on verra. Comme me l’expliquait Pape
Diouf quand il était agent et qu’il avait beaucoup de joueurs
chez nous, on ne peut pas retenir des joueurs contre leur gré.
Je reste très pessimiste sur ce dossier mais, en même temps,
je l’étais aussi à propos du match de ce soir et vous avez vu ce
qui est arrivé. Si aujourd’hui, Franck Ribéry dit qu’il veut quitter
l’OM, on va essayer de réunir les conditions qui permettent
à tout le monde de trouver son compte ».
En fait, le président lyonnais dessine les bases d’un futur
accord : un transfert et plusieurs joueurs à la clé. « L’OM doit
à la fois faire le bilan de ses comptes et trouver des joueurs.
Onpeut peut-être l’aider. » Face à la préférence marseillaise
d’un éventuel transfert de Ribéry à l’étranger, Jean-Michel
Aulas s’étonne : « L’intérêt du football français est quand
même de conserver ses meilleurs joueurs… Mais, sur ce
sujet, oui, je préfère être ce soir qu’il y a trois jours. Maintenant,
on verra. Franck Ribéry ira là où il a envie d’aller,
comme l’ont fait tous ses prédécesseurs. » – V. D.
Citation:
Houllier :« Ribéry ne nous ferait pas de mal »
GÉRARD HOULLIER a estimé hier soir que
recruter Franck Ribéry, le milieu de Marseille, ne
ferait « pas de mal offensivement »à son équipe.
« Offensivement, il ne nous ferait pas demal », a
commenté l’entraîneur de l’OL, après avoir initialement
refusé de s’exprimer sur les transferts.
« C'est une déclaration courageuse qui a le
mérite de clarifier les choses et qui l'honore », at-
il expliqué en réaction aux déclarations du
joueur. « Le président de l'OM a été agent de
joueurs, donc il doit bien comprendre »,