L'illisible tactique de M. ThiriezLa communication de crise du président de la Ligue après le report d'OM-PSG a montré que la LFP avait un sens des priorités très contestable. Frédéric Thiriez et sa communication sont en cause. (L'Equipe)
Il a fréquenté les cabinets ministériels et sa communication est calquée sur celle du personnel politique. Pour dire les choses avec ce vocabulaire-là, Frédéric Thiriez sait depuis dimanche que la «
séquence » ouverte par le report tardif de Marseille - Paris-SG va mettre du temps à se refermer. Elle va altérer profondément son image. Et sa communication de crise ne va pas l'aider à remonter dans les sondages. Le président de la Ligue explique depuis dimanche que le report décidé à sept heures du match était l'attitude la plus sage, car recommandée par la commission médicale, la protection de la santé des joueurs étant la priorité numéro un. M. Thiriez a dit aussi qu'un report décidé samedi aurait conduit à le suspecter de favoritisme pro-parisien. Il a ajouté avec virulence («
escroquerie intellectuelle ») que la LFP n'avait rien à voir avec les batailles de rue du Vieux Port. Les tensions préexistaient à la 10e journée. Entendu.
Cette ligne de défense nous semble aussi faible que préoccupante sur ce qu'elle révèle de la façon dont les décisions sont prises au sommet du foot pro français. Elle désigne une hiérarchie des préoccupations confondante :-
Première urgence, ne pas écorner l'image de la Ligue, ne pas ouvrir le moindre espace à de possibles «
on dit », et permettre au spectacle de continuer coûte que coûte. Ce souci a dépassé le principe de précaution le plus élémentaire vu les éléments connus sur la façon dont la grippe A se transmet. A moins que les préconisations du ministère de la Santé soient fantaisistes depuis le début, pas besoin d'être expert en virologie pour déduire que les cas de grippe A révélés samedi risquaient de faire des petits. Giuly et Sakho étaient contagieux depuis mercredi, sans doute avant.
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Deuxième obsession : suivre au garde-à-vous les préconisations médicales de la commission du docteur Rochcongar. Celle-ci n'existait pas encore il y a quatre mois mais semble devenue souveraine en matière de calendrier. C'est quasiment un signe de vacance du pouvoir qu'a envoyé la Ligue en se montrant incapable, samedi, de prendre une certaine distance vis-à-vis de ce qui était une simple recommandation transmise à sa commission des compétitions. Ce manquement a été très vite perçu par Robin Leproux, le président parisien, qui a fait le boulot du patron de la LFP samedi soir en répétant sur les ondes : «
Et on fait quoi si nous avons d'autres cas demain ? ». Pendant ce temps, Thiriez rassurait l'OM au téléphone : le match se jouerait dimanche. Sûr sûr. Si bien informé, Deschamps prenait son vestiaire entre quatre yeux : «
Ne commencez pas à imaginer un report ou quoi que ce soit. On jouera ! » La suite est de notoriété publique.
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Troisième souci, face à l'évidence d'une présence de grippe A dans l'effectif parisien : préserver la santé des joueurs. Dans ce monde où le football semble pouvoir vivre dans sa propre bulle le risque de pandémie, la décision du report est prise. La santé du personnel chargé du transport et de l'hébergement des Parisiens depuis la veille ? Aucun intérêt. L'onéreux voyage vers Marseille de 2000 supporters parisiens devenue sans objet ? RAS. La sécurité de toutes les populations confrontées en ville au cirque hallucinant du hooliganisme ? Parole à la police.
Ne léser personneDans les couloirs de la Commanderie, on considère que ce dimanche 26 octobre a ruiné dix ans de progrès patients dans la gestion de la sécurité des Marseille-PSG... Visiblement, ce n'est pas le problème de M. Thiriez. Ce qui devient le sien, c'est de programmer le match à une date qui ne lèsera personne. Marseille, bien conscient de la position de faiblesse de la Ligue, en a profité pour demander l'impossible en évoquant le mercredi 28 octobre. Façon comme une autre de poser ses conditions, en excluant par exemple de jouer le 2 décembre. L'OM, alors, se réserverait le droit d'aligner la réserve. Comme en 2006 au Parc des Princes (0-0). Une époque où la Ligue savait déjà se faire respecter.