Après la sixième et dernière journée de la première phase de la Coupe d'Europe, Toulouse et Perpignan se sont qualifiés pour les quarts de finale. Un bilan honorable pour notre consultant Laurent Bénézech, qui n'oublie pas le contexte difficile. Il estime aussi que les deux clubs ont de bonnes chances de passer les quart, contre Cardiff et les London Irish. Il revient aussi sur la belle performance du Racing Métro en Pro D2, avant de dévoiler quelques noms qui pourraient composer la iste des 22 joueurs du XV de France, dévoilée par Marc Lièvremont mardi.
«Laurent Bénézech, il y avait six clubs français en Coupe d'Europe, ils ne seront que deux, Toulouse et Perpignan, en quarts de finale. Peut-on parler de déception ?
Deux clubs, je trouve que c'est bien. Nous étions habitués il y a quelques années à trois clubs. Maintenant, nous avons une saison particulière, difficile avec la Coupe du monde qui a obligé les clubs français à démarrer très tard la saison et à se retrouver quasi directement en Coupe d'Europe. Ce qui explique certaines contre-performances, et les clubs français partaient avec un vrai désavantage. Après, la composition des poules a aussi compliqué les choses. On peut penser que Clermont aurait mérité de se qualifier, mais était dans la poule la plus dure. Il y a des déceptions, je pense bien sûr à Biarritz, mas dans l'ensemble, cela me paraît juste. On peut aussi regretter que les Français n'aient pas leurs deux quarts à domicile.
La composition des poules, très hétérogène, a justement fait beaucoup parler. Faudrait-il revoir le règlement, et par exemple attribuer des têtes de série avant le tirage au sort, pour éviter un tel écart de niveau entre les groupes ?
Si on regarde le foot, ils ont tout tenté pour rendre les tirages au sort équitables. Je ne crois pas qu'il faille trop règlementer et protéger les équipes. Cette année, il y a effectivement un vrai déséquilibre entre deux poules très dures et les autres, plus accessibles. Mais cela brasse les valeurs, et donne leur chance à de nouveaux entrants, je pense aux London Irish et aux Saracens. Il faudra faire le bilan à la fin de la compétition, mais je trouve intéressant que le tirage au sort donne sa chance à tout le monde.
Le tableau des quarts, avec trois clubs anglais, deux gallois et un seul irlandais, est-il conforme au paysage actuel du rugby européen ?
Cette année, je ne pense pas que cela soit révélateur, parce qu'avec ce calendrier, il est compliqué d'avoir de la visibilité. Il y a quand même quelques tendances. C'est vrai que l'Irlande est en perte de vitesse, mais ce n'est jamais que la confirmation de ce qu'on a vu à la Coupe du monde. Les Gallois, il est toujours difficile de savoir exactement où ils en sont, mais il y a une vraie belle surprise avec Cardiff, qui est une équipe de haut niveau, performante sur la durée. Les Anglais ont dominé, et je pense que l'homogénéité de leur championnat est un vrai plus.
Que peut-on espérer des quarts de finale pour Toulouse et Perpignan ?
Je crois que les deux équipes ont l'opportunité de jouer une demi-finale. Toulouse a assuré l'essentiel en jouant son quart de finale à domicile. Si Cardiff reste à son niveau pratiqué pendant les matches de poules, cela peut être difficile pour les Toulousains, mais ils ont quand même une ligne de trois-quarts capable de marquer sur le moindre ballon. Perpignan a un gros coup à jouer à Londres, parce qu'ils retrouvent les Irish, qu'ils connaissent bien, et ils n'auront pas de mal à se motiver vu ce qui s'était passé au match aller (NDLR : une grosse polémique suite à l'arbitrage lors de la défaite de l'USAP à Londres, 16-24). Et les Anglais sont nouveaux à ce niveau, et manquent certainement de métier européen. C'est une équipe intéressante, mais qui reste quand même limitée en termes de puissance ou d'assurance dans la conduite du jeu.
En Pro D2, la victoire du Racing à Agen (13-6) replace les Parisiens à la troisième place, en attendant le choc contre Toulon dimanche prochain. Le Racing a-t-il trouvé le bon rythme ?
La victoire est très importante pour la suite, car le Racing capitalise pour la suite. Je ne sais pas s'ils ont trouvé le bon rythme, en tout cas ils ont trouvé une défense depuis quelques matches, et la patte Berbizier commence à se poser sur cette équipe. Le hasard fait qu'il y a une deuxième montage à gravir le week-end prochain contre Toulon. Mais même en cas de victoire, la différence de points est trop importante (13 points) pour que le Racing vienne se mêler à la lutte pour le titre.
Mardi, Marc Lièvremont dévoile son premier groupe de 22 joueurs pour le match du Tournoi en Ecosse, le 3 février. Qu'attendez-vous de cette liste ?
On repart sur un nouveau cycle, donc obligatoirement on attend de nouvelles têtes. On devrait avoir une composition d'équipe qui s'appuie sur un groupe de joueurs âgés de 27 à 31 ans, comme le capitaine Lionel Nallet. Vu les circonstances, et l'obligation de préparer la tournée en Australie, qui se fera sans les demi-finalistes du championnat, on s'attend aussi à des touches surprenantes, avec des joueurs de clubs comme Montpellier, Montauban, Dax... Ce sont des jeunes de talent, qu'il est intéressant d'intégrer dès maintenant.
Au jeu des pronostics, vous pensez à quelques noms ?
Il y en a beaucoup, il y a plus de richesse qu'on veut bien le dire. En pilier, on peut penser à l'un des deux Dacquois, Renaud Boyoud ou Julien Brugnaut, à Lionel Faure (Sale), voire à l'Auscitain Fabien Barcella. En deuxième ligne, Loïc Jacquet, qui était le capitaine des champions du monde des moins de 21 ans entraînés par Emile N'Tamack, devrait revenir. En troisième ligne, je citerai les Montpelliérains Fulgence Ouedraogo et Louis Picamoles, Yannick Caballero (Montauban). Derrière, il y aura peut-être François Trihn-Duc en deuxième ouvreur, et Julien Malzieu si Heymans est mis à l'arrière.»