Rugby - CM - Bleus
Avec Heymans et Martin
Lundi 3 septembre, Marcoussis, 9h15 : la Coupe du monde démarre. A J-4 du match d'ouverture contre l'Argentine, l'annonce de l'équipe par Bernard Laporte et Jo Maso revêt un caractère particulier, une dimension spéciale, presque tragique après une préparation parfaite. Il a donc bien fallu en sortir quinze noms, puis sept, pour en laisser huit dans les tribunes, malgré leurs efforts, malgré leur comportement irréprochable.
On attendait donc avec impatience de savoir enfin qui allait débuter au Stade de France vendredi, pour mettre fin à ce sujet tabou de l'équipe type, soigneusement évité par les membres du staff depuis deux mois, au nom du désormais sacro-saint credo : on gagnera à trente. Parmi les heureux élus, deux noms ressortent logiquement : Rémy Martin (photo) et surtout Cédric Heymans. Le premier a donc été préféré à Thierry Dusautoir, le préféré des dernières heures après ses bons matches amicaux. Jo Maso justifie : «Bernard avait demandé un montage des actions de chaque joueur sur chaque match. En fonction du match contre les Argentins, on a donc choisi, et on a vu que Rémy Martin était le meilleur plaqueur avec Serge Betsen. Il nous a semblé qu'il était en pleine forme, et que c'était l'homme de la situation.» C'est donc bien l'adversaire qui influence la composition de l'équipe. Idem pour le choix de mettre cinq avants sur le banc, comme le confirme Bernard Laporte : «Par rapport au jeu que nous proposent les Argentins, qui se situe beaucoup autour des avants, il nous fallait renforcer devant. C'est un match où il va y avoir beaucoup de combat, où le jeu au près sera déterminant.»
Le choix de renforcer le banc en «gros» est aussi ce qui aurait condamné Clément Poitrenaud à l'arrière, Cédric Heymans pouvant bien sûr aussi couvrir le poste d'ailier. Laporte explique : «Si on prend cinq avants, on est obligés de mettre Cédric. On ne peut pas faire autrement. Et puis il a fait un bon match contre Galles, donc cela ne nous semble pas préjudiciable. Mais ce n'est pas aux dépens de Clément. Mais il ne couvre que le poste d'arrière.»
Pour le reste, il n'y a pas de grosses surprises : à l'aile, où la concurrence est également vive, le choix était attendu, et suit la logique selon l'entraîneur tricolore : «Aurélien a été l'ailier le plus performant lors des matches de préparation, donc il y était d'office. Après la dimension humaine, psychologique de Christophe dans des matches comme ça a fait la différence.» Sur le banc, «il faut faire des choix» (Laporte), donc Szarzewski est préféré à Bruno, Poux à Mas ou Chabal à Nallet. Au centre de la troisième ligne, c'est comme prévu la touche qui a fait la différence, et dans ce secteur, Imanol Harinordoquy est un peu meilleur que Julien Bonnaire. La charnière est logiquement celle qui a brillé pendant la tournoi : «C'est la continuité. Non pas que Michalak et Elissalde soient en deçà, mais quand on voit les performances de Pierre et de David...»
Voilà donc la vérité du match contre l'Argentine, qui ne sera pas forcément celle des autres rencontres, puisque les deux patrons du staff ont encore rabâché que la France gagnerait à trente. Maso conclue : «Chaque match a ses soucis et ses vérités. On verra pour la suite.» Il faut donc maintenant battre les redoutables Pumas pour lancer la conquête du titre.
Aymeric MARCHAL, à Marcoussis
La liste des 22 contre l'Argentine :
Titulaires : Heymans - Rougerie, Traille, Jauzion, Dominici - (o) Skrela, (m) Mignoni - Martin, Harinordoquy, Betsen - Thion, Pelous - De Villiers, Ibanez (cap.), Milloud.
Remplaçants : Szarzewski, Poux, Chabal, Bonnaire, Dusautoir, Elissalde, Michalak