Ribéry en Allemagne ?vendredi 21 avril 2006 - 10 h 31 - Olivier DE LOS BUEIS
Franck Ribéry doit-il faire partie des 23 Bleus en Allemagne ? Seul Raymond Domenech a la réponse. Mais au vu des performances du joueur marseillais toute cette saison, la réponse est évidente.
Nicolas Berté n’est pas à un tendre dans ses notations sur Football365. Il n’est pas non plus un supporter de l’Olympique de Marseille, ni spécialement un fan de Franck Ribéry.
Alors quand il met 8,5 sur 10 à un joueur, cela prend chez nous une sacrée dimension. Ajoutez à cela les commentaires laudatifs de Jean Fernandez, d’habitude apôtre du collectif - «
Franck Ribéry est un garçon exceptionnel en dehors du terrain et un joueur exceptionnel sur le terrain. Il est parti comme un bolide. Il est l’une des pièces importantes de l’équipe. » - une énorme pincée d’encouragements des supporters marseillais pendant le match face à Rennes, un poil de
Zinédine Zidane qui le suit de près - « Ce qu’il est en train de faire, c’est vraiment beau. Mais ce n’est pas moi le sélectionneur » - et enfin un zest d’environnement médiatique prêt à s’enflammer à chacun de ses dribbles. Et vous aurez le cocktail détonant à la mode.
Franck Ribéry, quand il est en forme, est capable à lui tout seul de faire de cet OM moyen une équipe spectaculaire. L’ancien joueur de Galatasaray vient d’aider son club à disputer sa première finale de Coupe de France depuis des années. Sa baisse de forme hivernale a d’ailleurs coïncidé avec la chute de température au classement de l’OM. « Pendant ces deux mois (décembre et janvier), les terrains sont plus gras, souligne Ribéry. J’ai souvent un passage à vide. » Capable de jouer sur les côtés ou dans l’axe comme dernièrement, il démontre que sa palette s’est élargie. Alors, dans ce climat pro-Ribéry, le Marseillais peut affirmer sans prétention qu’il serait « déçu de ne pas jouer le Mondial 2006 ». Observé par Raymond Domenech face à Lyon (« Un vrai match européen », nous a confié le sélectionneur), par Bruno Martini contre Nancy puis par Pierre Mankowski contre Rennes, il a forcément fait réfléchir le staff technique lors de ces trois dernières rencontres.
Ribéry : « Avant, mon caractère me jouait des tours »Dans But! Marseille qui lui consacre un excellent dossier ce vendredi, Mamadou Niang lance un message au sélectionneur. « Je sais que Raymond Domenech a déjà de grands joueurs en équipe de France mais si je pouvais lui passer un message, je lui dirais que Franck mérite amplement sa place dans les 23. » En 2002, Roger Lemerre avait décidé d’emmener Djibril Cissé au Mondial dans un climat identique. Cela n’avait été guère probant. Mais c’était en 2002, dans un groupe champion du monde et d’Europe vivant mal. Franck Ribéry, depuis Metz, n’a pas toujours fait les bons choix. Mais on ne peut lui enlever une chose : tout ce qu’il a fait, il l’a fait franchement et il est capable de s’adapter n’importe où.
Si sur le terrain il est devenu le roi de l’esquive, dans la vie de tous les jours, il a su se faire adorer par tout le monde à Marseille et en équipe de France Espoirs. « Je me suis calmé, confie-t-il à But!. Avant, mon caractère me jouait des tours. Aujourd’hui, je suis tranquille. Je laisse passer des choses que je n’aurais pas laissé passer auparavant. » Il a donc le profil idéal pour s’agglomérer au groupe, voire pour lui donner un poil de fraîcheur supplémentaire. Pas de risque qu’il prenne la grosse tête ou qu’au contraire il se laisse impressionner. Si le mental suit, reste le sportif. Le très haut niveau, Ribéry ne le connaît pas encore. Et comme le dit Domenech, « la Coupe du Monde, c’est la Ligue des Champions ». Un monde que ne connaît pas encore Franck Ribéry. Mais est-ce-là un défaut rédhibitoire ?