Rocard jette un pavé dans la mare en appelant à une alliance Royal-BayrouPar Stéphane ORJOLLET agrandir la photoPARIS (AFP) - L'ancien Premier ministre Michel Rocard a lancé vendredi un pavé dans la mare, en prônant ouvertement une alliance entre
Ségolène Royal et
François Bayrou avant le premier tour pour battre
Nicolas Sarkozy au second, idée aussitôt rejetée par les responsables du PS."Dans quelques jours, les Français décideront qui, de
François Bayrou ou de
Ségolène Royal, sera le mieux à même de battre
Nicolas Sarkozy. Et ils le feront d’autant mieux qu’ils sauront que, dans tous les cas, une alliance sincère et constructive défendra au second tour puis aux législatives un projet commun d’espoir pour la France", écrit M. Rocard dans une tribune publiée dans Le Monde, daté de samedi.
"Isolés, ni eux (les centristes) ni nous, n’avons aucune chance de battre la coalition de
Nicolas Sarkozy et
Jean-Marie Le Pen", estime-t-il.Avec cet appel, à neuf jours seulement du premier tour, l'ancien Premier ministre de
François Mitterrand et chantre de la "deuxième gauche" souhaite "s'assurer d'un désistement mutuel et d'une alliance", a-t-il expliqué sur
RTL, ajoutant "espérer que Ségolène sera assez forte (pour gagner) mais avoir les plus grands doutes d'après les
sondages".
M.
Bayrou a fait depuis janvier une percée dans les intentions de vote, se stabilisant autour de 20%, quelques points derrière Mme Royal, alors que le candidat
UMP fait régulièrement la course en tête dans les
sondages.La candidate socialiste n'a pas immédiatement répondu au texte de M. Rocard, assurant n'avoir pas eu le temps de le lire. "Ma préoccupation, c'est d'être en dialogue direct avec les Français", a-t-elle déclaré en marge d'une visite à Belfort.
François Hollande, compagnon de Mme Royal et numéro 1 du
PS, a été plus tranché. "Il n'y a pas d'alliance concevable entre la gauche et une partie de la droite. (...) Il faut voter Ségolène Royal au premier tour. Au second tour, il faudra aussi voter Ségolène Royal", a-t-il dit à l'AFP.Le candidat de l'UDF, qui prône un "gouvernement d'union nationale" dépassant les clivages politiques traditionnels, s'est au contraire félicité de l'appel de M. Rocard. "Ca bouge! Cette intuition qui est la mienne et que je défends depuis longtemps, elle est désormais vérifiée", a-t-il lancé sur
France Inter.
Il s'est toutefois gardé de se prononcer explicitement sur un quelconque accord "anti-
Sarkozy" avant le premier tour, se bornant à réitérer le souhait "qu'on soit capable de dépasser les frontières du passé, pour proposer à la France une action différente et une majorité différente".
M. Rocard, qui n'a plus de responsabilités au
PS mais auquel Mme Royal a confié pour sa campagne un rapport sur les enjeux du numérique, est la première personnalité socialiste a se prononcer ouvertement pour un accord avec le candidat centriste.
Deux collectifs proches du
PS ayant pour pseudonymes "Spartacus" et "Les Gracques", dont certains membres connus sont d'anciens proches de M. Rocard, ont déjà appelé à un tel rapprochement.
Cet appel "nous conforte dans la ligne que nous avons développée", a déclaré à l'AFP Roger Godino, au nom des Gracques. "Le message est: qui est capable de battre
Nicolas Sarkozy?", a-t-il poursuivi, en estimant "qu'après le premier ou le second tour ce sera un peu tard (pour) un accord pour les législatives".
"Convaincu" que
François Bayrou " ne sera pas au second tour", Pierre Moscovici (
PS) a estimé au contraire que l'alliance évoquée par Michel Rocard "n'avait pas grand sens", en expliquant que "les formations politiques s'organiseront" après le 22 avril.
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