Houllier : « Trop d'états d'âme »
Sale temps sur Lyon, mercredi. (L'Equipe)
Il l'avoue volontiers, la nuit de mardi à mercredi a été difficile, après l'élimination de son équipe par la Roma en huitième de finale de la Ligue des champions (0-0, 0-2). Sans jamais citer ses joueurs, ni les incriminer, Gérard Houllier a vilipendé leur comportement trop nerveux sur le terrain, moins de 24 heures après la première défaite de l'OL à Gerland en C1 depuis 2002. Il annonce aussi qu'il sera l'entraîneur lyonnais la saison prochaine et précise que sa décision a été prise avant ce match.
« Gérard Houllier, quel genre de nuit avez-vous passé ?
Vous vous doutez bien que je n'ai pas beaucoup dormi car, à l'instar de mes joueurs, je me suis beaucoup investi dans cette compétition. Mais c'est plus une question de frustration et de colère que de déception. J'étais plus abattu et déçu après l'élimination en Coupe de France à Marseille (1-2) que mardi soir. J'étais aussi très abattu après l'élimination à Milan (1-3) l'an dernier car elle était pour moi injuste. Mais là, la victoire de la Roma ne souffre d'aucune contestation. En Ligue des champions, tous les joueurs doivent être au top le jour J. Mardi, le collectif n'a pas été à la hauteur de ce qu'on est capable de faire.
On a l'impression que les consignes n'ont pas été respectées...
Complètement. On s'est laissé emporter et on s'est désorganisé nous-mêmes. Il fallait jouer simple, défendre avec âpreté, comme lors du match aller, et attendre les vingt dernières minutes. Au bout de dix minutes, j'étais obligé de crier pour resserrer dans l'axe car les lignes étaient déjà très distendues. On s'est enflammé après avoir encaissé le premier but. Ça partait d'un bon sentiment. Tout le monde a voulu jouer les Zorro et sauver l'équipe. Et on encaisse le deuxième but à un moment où il ne fallait pas. On commet sur le coup une erreur tactique de minimes.
Quelle leçon tirez-vous de cette élimination ?
Rien de grand ne se fait sans enthousiasme. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est le philosophe Hegel. On va devoir retrouver des vertus de rigueur, d'enthousiasme et d'humilité. Le haut niveau exige des qualités de comportement et d'attitude sur les plans mental et tactique que nous n'avons pas montrées dans ce match. On a un problème d'attitude en ce moment. Il y a eu trop de nervosité, trop d'états d'âme. Comment contrôler le jeu si on ne se contrôle pas soi-même ? Cela a forcément des répercussions sur la rigueur tactique, la justesse technique et la fluidité de notre jeu. Je n'aime pas ça. J'en prends acte car pour certains, ce n'est pas la première fois. Cela va changer.
Vous parlez de Fred ?
Quand vous faîtes confiance, vous faîtes confiance... Je ne suis pas quelqu'un qui brûle ce qu'il a adoré la veille. On gagne ensemble, on perd ensemble. Personne ne m'a déçu. Vous voudriez que je dise qu'untel ou untel m'a déçu. Mais pour moi, même un Lyon au top n'aurait peut-être pas battu Rome.
Il reste douze matches à jouer cette saison (onze en L1 et la finale de la Coupe de la Ligue) et vous avez 25 joueurs à disposition. Comment comptez-vous gérer votre groupe ?
Tout ce que je peux vous dire, c'est que je vais faire jouer les meilleurs. Le talent, c'est le rebond. On va voir ceux qui ont du talent. Tout ce que je viens de vous dire, je n'en ai pas parlé aux joueurs. Cela ne sert à rien de remettre un coup quand on a la gueule de bois, au sens figuré. Ce n'est pas la peine de faire une séance vidéo pour montrer qu'on est passé à côté. Le match qui compte désormais, c'est celui de Marseille dimanche.
Cette élimination prématurée pose déjà la question de votre avenir à Lyon.
Je lis en ce moment des trucs dans tous les sens. Mon nom est cité notamment avec ceux de Schuster, Mourinho ou Wenger pour prendre les rênes du Bayern Munich, mais c'est complètement bidon. Je suis à Lyon et j'y suis bien. Je reste. Je suis tellement frustré de ne pas être passé...
Vous voulez dire que le match contre la Roma joue un rôle dans votre décision ?
Non, ma décision était prise avant. En d'autres mots, je n'envisage pas de quitter le club, sauf si on me met dehors. Vous savez en football, il suffit de quatre défaites et c'est la crise. »
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