OM : DIX ANNÉES D'ANECDOTES TRAGI-COMIQUES
lundi 29 janvier 2007
L'ère Robert Louis-Dreyfus à Marseille a été marqué par une remarquable série d'aventures plus rocambolesques les unes que les autres. Anthologie. Extrait du n°22 des Cahiers, janvier 2006.
En 1996, Robert Louis-Dreyfus, nouvel actionnaire majoritaire du club préféré par Jean-Luc Gaudin aux autres candidats (dont Patrick Proisy), déclare : «Mes amis me disent qu’il faut être jobard pour arriver là», mais affirme qu’il veut faire de l’OM «le Bayern du Sud». Ce n’était que le début d’une longue histoire à rebondissements..
Novembre 1996. Marcel Dib, alors en charge du recrutement marseillais, déclare au mensuel Guadalajara: «Zidane, je le promets aux Marseillais!» À cette époque, Dib restera bloqué deux jours dans un aéroport au Brésil, où il se rendait pour superviser un joueur, faute de pouvoir parler la langue locale.
20 avril 1999. La fin du match Bologne-Marseille est marquée par une bagarre entre les joueurs au cours de laquelle Christophe Dugarry vole au secours de Peter Luccin. Rolland Courbis qualifie l’arbitre d’abruti, mais expliquera plus tard qu’il voulait dire que l’arbitre était «abruti par la fatigue physique et nerveuse».
28 juin 1999. Le transfert surprise de Laurent Blanc vers l’Inter suscite la colère des supporters. Rolland Courbis, pourtant responsable de ce départ, qualifiera le joueur de «stupide» et annoncera Berizzo comme son successeur.
30 octobre 1999. Robert Louis-Dreyfus affirme sa volonté de créer un deuxième grand club à Paris. Les supporters n’apprécient guère et réclament son départ.
12 décembre 1999. À Geoffroy-Guichard, un Alex survolté n'est bizarrement pas neutralisé par la défense olympienne post-Laurent Blanc. Pérez, Martin et Berizzo laissent le lutin brésilien marquer trois buts. Score final: 5-1. Les supporters, eux, étaient partis à la mi-temps.
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13 décembre 1999. Une «réunion» organisée entre les supporters et plusieurs joueurs tourne au pugilat. Pires, Dugarry et Pérez sont molestés, plusieurs voitures vandalisées. Pendant ce temps, le responsable de la sécurité met à jour ses notes dans son bureau. Quelques jours plus tard, Patrick Blondeau adresse un uppercut à un supporter qui l’interpellait à la Commanderie.
7 avril 2000. Marcelo Gallardo est roué de coups dans le tunnel du Vélodrome. Les Monégasques parlent de traquenard et les témoignages se multiplient sur la tendance de Patrick Blondeau à mettre des baffes dans le couloir des vestiaires, mais seul Christophe Galtier écopera d'une suspension de six mois.
10 octobre 2000. Pierre Dubiton annonce «un trou de 100 millions de francs» dans les caisses. Yves Marchand affirme «Il n’y pas de trou à l’OM», et démissionne moins d’un mois plus tard. RLD admettra en mars un «décalage de trésorerie» de 93 millions de francs.
19 novembre 2000. Après avoir mené des négociations en vue de devenir manager général, Luis Fernandez annonce qu’il ne viendra finalement pas à Marseille.
3 avril 2001. RLD place Bernard Tapie et Pierre Dubiton (qu’il venait pourtant de qualifier de «petit facho de service») à la tête du club. Tapie acquiert 10% des actions de l'OM pour un franc symbolique. Le club va connaître un fol été, avec quatre entraîneurs successifs et des conflits internes incessants qui se concluront en septembre par le départ de Dubiton et l’arrivée d’Étienne Ceccaldi.
14 juillet 2001. L’Équipe annonce que Jardel a signé. Eduardo Tuzzio, acquis par le Servette de Genève pour zéro franc, est vendu à l’OM trois jours plus tard contre 42 millions.
1er septembre 2001. Selon Pierre Dubiton, Pascal Nouma (qui avait négocié jusqu’à la dernière limite) a bel et bien signé son contrat in extremis, la veille à minuit moins cinq, lui laissant tout juste le temps de poster à minuit moins une le dossier d’homologation à la Ligue afin qu’il ne soit pas considéré comme joker. Le tribunal correctionnel de Marseille jugera le contrat antidaté.
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5 décembre 2001. Le Président délégué de l’OM, Étienne Ceccaldi, est conduit à la Timone, le nez explosé par un coup de boule d’école asséné par Pierre Dubiton, lequel passe la soirée avec des policiers de la brigade des violences urbaines. À l’origine du drame, Ceccaldi invitait son ancien responsable administratif à quitter les locaux du club, au sein desquels il n’avait plus rien à faire.
27 mars 2002. Étienne Ceccaldi dénonce «un désastre financier» et «la tutelle du milieu» sur l’OM. Quelques jours plus tard, Bernard Tapie prend la porte, après avoir conduit cinquante-huit mouvements de joueurs pour un montant global de 53 millions d’euros, portant la masse salariale à 85% du budget du club. La nostalgie en prend un sérieux coup.
26 mai 2003. Christophe Bouchet prend sa plus belle plume pour demander à Claude Simonet la levée de la suspension conservatoire du titre de 93. Il s'agit selon lui d'une "plaie ouverte", d'une "cicatrice honteuse qu'il faut, après dix ans, reboucher". Larmoyant, «l'OM a largement subi sa peine», il tranche: «Sans jamais oublier les faits, cette période de dix ans permet de lever cette suspension».
18 février 2004. Après trente-cinq jours de mise à pied conservatoire, Alain Perrin se voit notifier son licenciement pour «faits de harcèlement sexuel sur plusieurs employées, exhibition sur le lieu de travail, défaut d'information de l'employeur». Fallait pas perdre contre Paris.
23 mai 2004. Après la victoire de l'OM sur Guingamp au soir de la dernière journée de Championnat, José Anigo conclut une saison riche en déclarations dispensables en affirmant: «Je suis désolé pour l'entraîneur et les joueurs de Guingamp, qui méritaient de se sauver. Mais pas pour le président, qui n'a pas tenu compte un jour que l'OM était un grand club. Et le grand club que nous sommes a expédié le sien en D2».
23 août 2005. Au terme d’une victoire rocambolesque contre La Corogne 5-1 en «finale» de Coupe Intertoto, Robert Louis-Dreyfus, gros cigare à la bouche, descend en tongs sur la pelouse danser avec ses joueurs. On comprend soudain pourquoi les Marseillais ont évité de gagner le moindre titre ces dix dernières années.
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