par shura Mer 20 Déc - 21:44
MARSEILLE, 20 déc 2006 (AFP) - Dix ans après la prise de contrôle de l'Olympique de Marseille par Robert Louis-Dreyfus, l'hypothèse d'une vente du club par son actionnaire majoritaire, au bilan sportif décourageant, prend de l'épaisseur mais la prudence s'impose sur la concrétisation du projet.
L'affaire a pris corps ce week-end dans la presse anglaise et française, faisant état d'une possible arrivée à l'OM de l'ex-sélectionneur suédois d'Angleterre, Sven-Göran Eriksson, relayée par son agent Athole Still.
Licencié par la Fédération anglaise (FA) après le Mondial allemand, mais encore grassement payé à hauteur de 80.000 euros par mois par celle-ci qui le presse de trouver un club, Eriksson serait l'homme de terrain d'un potentiel acheteur du club marseillais.
Deux noms ont été cités par la presse: celui de l'Américain Georges Gillett, homme d'affaires ayant des intérêts notamment dans l'agro-alimentaire et propriétaire de l'équipe de hockey sur glace des «Canadiens» de Montréal, et celui d'un autre industriel, le Canadien Jack Kachkar, patron de la société pharmaceutique Inyx.
Temps de réflexion
L'entourage direct de Robert Louis-Dreyfus ne confirme qu'un seul début de piste, celle menant à Kachkar: «Nous prenons acte de son intérêt, mais nous nous donnons le temps d'y réfléchir», y indique-t-on. En revanche, il «dément tout contact récent ou passé, avec M. Gillett ou son entourage», dont «on découvre l'intérêt en même temps» que le lecteur de la Provence. Dans un entretien au quotidien régional paru mercredi, M. Gillett, candidat malheureux à la reprise de Liverpool (1re div. anglaise) explique d'ailleurs qu'il «n'y a actuellement aucune transaction précise avec un club particulier», mais assure que si l'OM était «sur le marché», cela «pourrait m'intéresser et m'inciter à aller plus loin, c'est-à-dire y investir».
Dans cette situation quelque peu ubuesque, la seule certitude, outre le contact Kachkar-«RLD» remontant à la fin de l'été mais relancé par le projet présumé d'Eriksson, c'est que «pour la première fois, Robert Louis-Dreyfus manifeste un début de volonté» de se retirer du club, selon son entourage direct. «RLD» avait pris la présidence de l'OM le 14 décembre 1996. Il y a englouti environ 200 millions d'euros, sans remporter un seul titre.
Circonspection
Cela ne signifie en rien que l'affaire pourrait se faire rapidement. Le montant de la reprise (fixé a priori à 100 millions d'euros de source proche du club), la situation délicate du club (10 millions de déficit en 2005-2006) et le fait que la mairie souhaite que le stade Vélodrome demeure municipal, est de nature à dissuader certains candidats, au profil très «business». A la mairie de Marseille, on rappelle également les nombreux projets de reprise avortés.
Aucun mandat officiel n'a d'ailleurs été donné à une banque par «RLD». Reste que celui-ci a été très affecté par le procès, en juin dernier, des transferts douteux du club entre 97 et 99, où il a été condamné pour abus de biens sociaux à trois ans d'emprisonnement avec sursis et 375.000 euros d'amende (appel en mars). Une passion du foot chèrement payée à ses yeux.
En attendant, la direction du club prend avec circonspection les projets de reprise évoqués. «Il n'y a rien de palpable, de concret. Je n'ai rien lu ni entendu de la bouche de Robert Louis-Dreyfus», a indiqué mercredi le directeur sportif José Anigo, critiquant au passage la démarche d'Eriksson, un de «ces entraîneurs en mal de boulot ayant besoin de se faire connaître». Quant au président Pape Diouf, il expliquait encore dimanche: «entre Robert Louis-Dreyfus et moi, il y a une relation de transparence et de confiance. Je persiste à penser que le jour où l'OM va être vendu, ce n'est pas par la presse que je l'apprendrai».