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Diouf « La concurrence a paru être au-dessus de ses forces »18/09/2006
Mesdames Messieurs bonjour…
Les nuits sont courtes…
C’est toujours un plaisir d’être devant vous.
J’ai tenu à vous rencontrer pour vous faire part d’une information que je tenais à vous livrer rapidement, pour couper court à toutes sortes d’interprétations.
Il s’agit, dans notre effectif, d’un joueur du nom de Sabri Lamouchi, qui, après le match d’hier, a souhaité me rencontrer, en présence du directeur sportif, pour nous annoncer qu’il vivait aujourd’hui une situation très difficile pour lui. Une situation compliquée qu’il n’arrivait pas à gérer et que, à ce titre là, il souhaitait avec nous trouver une solution pour que son contrat soit résilié. Evidemment, ce fut pour nous une surprise.
Sabri, nous sommes allés le chercher la saison dernière pour son expérience et pour son talent. Il nous a rendu les services qu’on était en droit d’attendre de lui.
Cette saison, c’est vrai que vu la configuration de l’effectif, la concurrence est devenue plus vive, plus difficile pour tous les joueurs. Et si j’ai décrypté son message, je pense qu’à son âge, puisqu’il en a fait référence aussi, il ne lui était pas possible de vivre cette concurrence comme elle est établie aujourd’hui par les responsables techniques du club.
Le moment de surprise passé, nous nous sommes livrés à une réflexion en tenant compte de la situation générale du club, de l’état d’esprit qui prévaut aujourd’hui dans le club et avons retenu les arguments qu’il nous a avancés.
L’un des arguments c’est de dire qu’il ne se sentait pas moralement de tirer le groupe vers le bas alors que le groupe aujourd’hui vit une vie plutôt enthousiasmante, une vie que valident les résultats que sont les nôtres.
C’est toujours un regret de se séparer de certains joueurs dont il n’était pas question au départ, mais il en a décidé ainsi et nous avons accédé à sa demande.
J’ai averti les joueurs ce matin lors d’une réunion, j’ai grosso modo donné la même explication que celle que je viens de vous donner puisque c’est celle de Sabri.
Alors on le regrette évidemment, pour nous aujourd’hui qui avions configuré l’équipe-type, nous avons réfléchi à la manière de procéder rapidement puisque avec tous les objectifs qui sont les nôtres, nous sommes tenus de mettre à la disposition des entraîneurs l’effectif compétitif.
Sabri comptait parmi ces joueurs importants de l’ensemble. Il l’a démontré déjà en début de saison à Auxerre, quand il a fallu faire appel à lui aussi à Paris, en cours de match, il a été là. Jeudi, il a été présent en coupe d’Europe, on mesure en tout cas l’importance qu’il avait aux yeux de l’entraîneur, nous allons approfondir la réflexion, il serait peut-être bon pour de trouver en tout cas sur le marché l’équivalent de Sabri Lamouchi. On va réfléchir là-dessus. On ne va pas se précipiter, ne me demandez pas de nom, je n’en ai pas. Ne me demandez pas si ça va être un joker, je ne sais pas. Ne me demandez pas si ça va être un chômeur, puisque les chômeurs, son encore
« engageables ».
On réfléchira sur la question.
Autre précision que je tenais à vous donner : les joueurs ont compris la situation, ils l’ont entendue, ils l’ont intégrée. Voilà ce que je voulais vous dire mesdames, messieurs.
Ca sera poste pour poste ?Vraisemblablement ça sera poste pour poste. Mais la réflexion est menée. Tout ça c’est produit de manière assez brutale, rapide, puisque c’est seulement hier après le dîner que nous avons eu avec lui cet entretien. C’est quand même assez neuf tout ça.
"Quand on est joueur à l’OM, on doit savoir que la vie ne s’arrête pas à soi. Que la vie est une vie de groupe et que chacun doit se soumettre aux règles de cette vie de
groupe."
Il prend sa retraite ?Il n’y a que lui qui peut répondre. Je ne sais pas du tout ce qui va en être. Je crois simplement savoir que la concurrence telle qu’elle a été instituée aujourd’hui par l’entraîneur a paru être au dessus de ses forces.
Le match d’hier a révélé quelque chose ?Je pense que le match d’hier n’a été qu’une confirmation dans son esprit. Mais il reste le mieux placé pour vous répondre.
Avec son expérience, sa décision ne vous surprend pas ?Evidemment. Après, chacun peut avoir un avis, son sentiment sur la question. J’ai le mien. Il vaut ce qu’il vaut mais je le garde pour moi. Mais chacun a une manière d’interpréter la situation.
Surtout qu’il disait comprendre la concurrence, qu’elle était saine...C’est vrai qu’aujourd’hui toutes ces questions sont légitimes. Mais moi la seule chose que je retiens, je pense que ce point là vous serez en majorité d’accord avec moi, le choix de l’entraîneur est toujours suggestif. Ca reste à l’appréciation de chacun. On peut toujours penser qu’un choix est injuste, précipité, mais au moment où je parle, même si hier j’ai eu à le dire, on ne fait pas le bilan d’une saison après seulement 6 journées, c’est trop tôt et prématuré. On peut à peine faire un point. Mais je pense que depuis le début de la saison, les résultats enregistrés et entérinés valident en tout cas les choix de l’entraîneur.
A partir de là, je renouvelle à mes entraîneurs une confiance totale, dans le travail et dans la conduite qu’ils font des affaires.
Il faut avoir vécu dans le groupe, en interne pour savoir quelles sont les conséquences que peut avoir un départ de cette nature.
Les joueurs ont le sens des responsabilités, ils savent qu’aujourd’hui, il y a des objectifs très hauts qui sont les leurs, ils ont envie de les atteindre. Moi, pour ma part, je dois dire que je ne me pose pas ce genre de questions. Notre rôle à nous est de regarder ce qui se passe, de prévenir tout ce qui peut nuire à cette dynamique de groupe qui existe aujourd’hui et de faire en sorte de continuer sur la lancée qui est la nôtre.
Avec la blessure de Cana c’est un coup dur ?Si on est réunis là pour parler de cela c’est que c’est un problème. Mais les problèmes sont faits pour être réglés. C’est un peu pour ça que nous sommes là. Pourquoi vous le cacher ? Je me serai bien passé de ça...
Je ne dis pas que c’est rien, messieurs, dames. Je m'en serais évidemment passé. Mais à partir du moment où c’est là, il faut faire avec.
On ne va pas perdre la boussole devant le premier obstacle venu. C’est vrai que je me serais bien passé de ça, mais c’est comme ça. A partir du moment où les choses sont comme je le dis, il faut faire avec et essayer de remplir au mieux le rôle qui est le nôtre, c'est à dire de réduire au strict minimum, les problèmes qui pourraient surgir.
Ca peut donner des idées à d'autres joueurs…Je pense que vous me ferez l’amitié de connaître Pape Diouf sans sa détermination. Quand je suis déterminé dans quelque chose, il est difficile de me bouger. Mais les situations ne sont jamais les mêmes. C’est presque une situation, j’allais dire "inédite" dans le milieu. On s’en va généralement à l’inter-saison, pendant le mercato... mais il s’agit de Lamouchi, de son âge, des arguments qu’il a avancés même si on n’y souscrit pas. On n’est pas obligés d’y souscrire, d’être d’accord, on n’est pas obligé de lui donner raison, mais on peut comprendre. Il faut traiter les cas spécifiquement tels qu’ils se présentent. On ne peut pas globaliser quand on gère, quand on dirige un club, on n’a pas à interpréter toutes les situations de la même manière. Chaque cas est un cas particulier.
Vous avez essayé de le retenir ?Il y a des moments où, j’espère avoir une certaine qualité d’écoute quand les gens me parlent, j’essaye de les entendre, j’essaye de retenir quelqu’un mais je pense que dans ce genre de situation, je pense que ça ne valait pas la peine. Sabri a bientôt 35 ans... C’est un international qui a bourlingué partout, il a joué dans les grands clubs, il connaît la réalité peut-être mieux que vous et moi réunis. A partir du moment où il a pris cette décision-là, je ne voyais pas pourquoi j’allais m’époumoner à essayer de le convaincre de rester.
Je lui ai posé quelques questions, je lui donne mon avis. Il sait ce que je pense de sa décision, je lui ai dit le reste, je n’avais pas vraiment à forcer pour le retenir.
C’est surprenant après son match en coupe d’Europe…Je crois que j’ai marqué ma surprise en commençant mon intervention.
Il arrête le foot ?Il vous répondra si vous lui posez la question. Si je dois m’occuper de l’après OM de Lamouchi, ça serait compliqué... Laissez-moi m’occuper de ce qui se passe chez moi.
Olembé peut le remplacer…C’est un garçon qui avait été placé sur la liste des transferts et il n’est pas parti. Il a fait preuve de beaucoup de professionnalisme et de sérieux lorsqu’il a été fait appel à lui pour renforcer l’équipe-réserve. Il a répondu présent. Il n’a jamais manqué un entraînement, on lui avait promis que si au terme du marché il était toujours là, il réintègrerait le groupe. C’est ce qui se passe aujourd’hui.
La reconversion de Sabri ?Ce n’est pas déflorer un secret que de le dire, nous lui avions effectivement proposé la possibilité d’une reconversion au sein du club. Nous avions évoqué cette possibilité au moment où il avait prolongé son contrat. Cette promesse allait être tenue.
José Anigo l’a rencontré en début de semaine dernière pour lui signifier qu’on était d’accord pour lui assurer une reconversion comme cadre technique, étant entendu que la décision lui appartiendrait en fin de saison.
Soit il continuait à jouer s’il estimait qu’il pouvait le faire. C’est dire la considération dans laquelle on tient l’homme.
Le fait qu’il n’ait pas été retenu hier ?A un moment donné, il n’y a que lui qui peut répondre. Chacun peu supputer. Ce que j’ai répété aux joueurs, c’est que nous sommes aujourd’hui dans une configuration où chaque joueur a envie de jouer, chaque joueur pense être le joueur qui doit être choisi, je le sais, mais malheureusement je n’ai pas encore trouvé aujourd’hui la potion magique qui me permettrait d’avoir 11 joueurs qui ne seraient jamais blessés, fatigués, suspendus, malades et performants... Si vous avez la potion ou la recette, vous me la donnez.
Quand on est joueur à l’OM, on doit savoir que la vie ne s’arrête pas à soi. Que la vie est une vie de groupe et que chacun doit se soumettre aux règles de cette vie de groupe. La force aujourd’hui du groupe de l’OM c’est que depuis le début de la saison, il y a eu une sorte de turn-over qui a donné des résultats jusqu’ici. Les joueurs ont été changés d’un match à l’autre sans que les rendements de l’ensemble n’en soient affectés. La force du groupe est là, dans la gestion de l’effectif dans le respect de cette gestion-là. Moi ça me parait naturel.
L’arrivée de M’Bami…Ca ne peut pas être l’explication que je retiendrais puisque Sabri lui-même a appelé de ses vœux, je ne déflore aucun secret de délibération entre lui et moi, le soir du match d’Auxerre, sur l’aérodrome il m’avait dit : "je pense Pape, c’est bien ce que nous faisons, mais il serait bien aussi de renforcer le milieu de terrain ".
Je ne pense pas que ça puisse être ça.
Il se passe toujours quelque chose ?C’est ce qui fait le sel de la vie. Il faut faire avec. Que voulez-vous qu’on fasse dans cette affaire ? On entérine et on essaye de faire avec les moyens du bord. On va faire en sorte que les choses continuent comme avant. Ce n’est jamais simple, c’est vrai. Si c’était simple, on le saurait. Mais ça ne l’est pas...
Il va avoir une reconversion au club ?Ca me paraît difficile. A partir du moment où il quitte le club, il me parait que c’est de manière définitive. Après, la vie c’est la vie. Peut-être qu’un jour, il sera technicien. Vous savez, même les montagnes se rencontrent dans le milieu du foot…
Ce n’est pas un transfert ?C’est une résiliation simplement. Il peut signer un autre contrat dans un autre club.