AU CENTRE DU MONDE
Le grand jour est enfin arrivé. Le XV de France attend, vendredi à 21 heures au Stade de France, l'Argentine pour un premier match qui va donner le ton de cette Coupe du monde. Les Bleus sont prêts à livrer un gros combat face au puissant pack des Pumas. Raphaël Ibanez n'imagine «même pas la défaite» et toute la France suit son capitaine. Les matches de préparation, ponctués par trois victoires, invitent à l'optimisme.
Des Bleus prêts au combat
C'est le grand soir. Le jour du grand saut où le passé rejoint le présent. Si impossible n'est pas français, impossible d'oublier la dernière Coupe du monde en France avec ce fameux 12 juillet 1998. Un mois plus tôt, L'Equipe titrait «La grande aventure». A l'époque, les Bleus de Zidane attendaient à Marseille l'Afrique du Sud, une nation de rugby... Aujourd'hui, les Bleus de Jauzion attendent au Stade de France l'Argentine, une nation de football. Mais la grinta n'est pas liée à la rondeur d'un ballon. Et les Pumas se présentent comme un adversaire à la hauteur des attentes. Avec la quasi totalité de son effectif qui joue dans les plus grands clubs européens, un pack surpuissant et un joueur de génie Juan Martin Hernandez, l'Argentine possède les armes. Les armes pour casser l'ambiance. Les armes pour déstabiliser le XV de France, tombé à quatre reprises lors de leurs cinq dernières confrontations avec les hommes de Marcelo Loffreda.
Et ce grand soir, les joueurs de Bernard Laporte l'ont déjà joué des centaines de fois dans leur tête. Après chaque match, ils ne parlent que de ça. Depuis deux mois à Marcoussis, ils ne vivent que pour ça. «On a fait trois bons matches de préparation, mais c'est du passé maintenant. Ce qui compte, c'est ce qui va débuter vendredi. Le fait de s'être bien préparé donne de la confiance, mais on repart de zéro, prévient l'entraîneur du XV de France. Il faut y aller avec toute l'humilité et tout l'engagement que nécessite un match de rugby, tout simplement.» Ils savent qu'ils n'ont pas le droit à l'erreur. «C'est le lancement de la Coupe du monde et c'est un match décisif de notre poule. A travers ces deux argements, tout est dit», résume Bernard Laporte. Une défaite et les Blacks se profileraient en quart de finale. Au mieux car la poule D est également pourvue de l'Irlande. Mais ce scénario catastrophe est inenvisageable. Raphaël Ibanez n'imagine «même pas la défaite» et toute la France suit son capitaine. Les matches de préparation, ponctués par trois victoires et une belle densité physique en défense, invitent à l'optimisme.
Mais un optimisme pondéré par l'adversaire. Pour contrer la fameuse mêlée argentine, la bajadita, et la puissance du pack adverse, le staff du XV de France a choisi de ne pas lésiner sur ses lignes avants et présente donc cinq avants remplaçants pour seulement deux arrières. Les Pumas aiment le combat et les Tricolores sont prêts à y répondre. Pour museler Juan Martin Hernandez, aligné à l'ouverture avec Agustin Pichot pour la deuxième fois de sa carrière en équipe nationale, les Bleus proposent des plaqueurs de fer comme Rémy Martin, une vieille connaissance de l'Argentin, ou Serge Betsen, et un vis-à-vis bien connu d'El Mago, David Skrela qui forme avec Pierre Mignoni une charnière solide. Pour assurer une place de choix aux avants, le comité de sélection a opté pour Cédric Heymans, préféré à Clément Poitrenaud, à l'arrière. Lui, l'ailier polyvalent, va jouer le match de sa vie à un poste qu'il a occupé pour la première fois avec les Bleus face au pays de Galles. Mais le Toulousain ne se démonte pas : «Je ne veux pas subir l'événement. Je me répète : "Domine-le ! C'est une chance." Je ne veux même pas savoir si la cérémonie d'ouverture sera belle.» Pour l'ovation à la fin, il veut bien ouvrir les yeux et les oreilles.