« Finir en boulet de canon »
mardi 03 avril 2007 - 13 h 49 - Christian RODAT
PANORAMICDe retour après une longue blessure à un pied, Franck Ribéry ne cache pas son impatience avant de retrouver les terrains. Le Marseillais revient sur sa longue convalescence. Franck Ribéry, tout d’abord, des nouvelles de votre état de santé. Comment allez-vous ?Je me sens bien et prêt à rejouer. Ça me fait plaisir de retrouver le terrain et mes coéquipiers. Ils m’ont manqué pendant ce mois d’absence. Ma blessure a mis pas mal de temps à se résorber mais j’ai passé plusieurs examens et aujourd’hui, le docteur Franceschi m’a donné le feu vert pour recourir. J’ai donc fait deux fois huit minutes et au niveau de la sensation, je n’ai rien ressenti. C’est bon signe.
Comment avez-vous meublé votre convalescence ?Je n’ai pas trop l’habitude d’être blessé et quand je ne peux rien faire, je ne suis pas bien. Je n’aime pas laisser mes coéquipiers parce que je connais les objectifs de l’OM cette saison et je sais qu’on a besoin de tout le monde. Dernièrement, j’ai manqué beaucoup de rendez-vous, que ce soit avec mon club ou avec la sélection. Maintenant, le plus important est de bien reprendre, de revenir en forme et de finir la saison en boulet de canon.
L’équipe est encore en course pour la Ligue des Champions et une victoire en Coupe de France. Vous allez être forcément très attendu quand vous reviendrez…
Ça me fait plaisir de savoir qu’on compte sur moi et qu’on a confiance en ce que je fais. Ça me stimule. Je veux revenir le plus vite possible. Je vais essayer de faire une bonne semaine et de regagner ce que j’ai perdu en puissance durant ma convalescence.
Durant votre absence, Samir Nasri a franchi un palier avec une sélection en équipe de France…Samir, je le connais bien et je l’aime beaucoup. Depuis quelque temps, il monte en puissance et sa convocation en équipe de France vient de lui faire franchir un cap. Diarra, Benzema, Piquionne, Diaby et bien sûr Nasri ont été appelés parce qu’ils le méritaient. Samir a les qualités pour jouer dans cette équipe. Je pense que le fait d’être chez les A va le mettre encore plus en confiance. Je peux vous dire que quand on est dans cette équipe, on ressent autre chose. C’est difficile à expliquer mais ce n’est pas pareil qu’en club. On franchit un palier supplémentaire. J’espère que cette sélection va faire beaucoup de bien à Samir pour la suite de sa carrière. J’en suis d’ailleurs convaincu.
A-t-il récupéré votre numéro chez les Bleus ?Oui. Je lui ai prêté mon numéro parce que c’est le sien à l’OM… (Rires) Non, je le lui loue mais c’est cher ! Les fans vont se tromper et lui écrire. En fait, il n’y a pas de numéro définitif. Ainsi, Diarra avait le 4 alors que c’est habituellement celui de Patrick Vieira. Si lors du prochain match on la chance de se retrouver Samir et moi en équipe de France, j’espère que je pourrai récupérer mon numéro. J’ai l’habitude de jouer avec le 22 et ça me ferait plaisir de le récupérer.
Avez-vous suivi la rencontre des Bleus en Lituanie ?J’ai suivi le match à la télévision et c’est vrai, la victoire a été longue à se dessiner. C’est bizarre mais ça peut s’expliquer. En face, il y avait une équipe très motivée et le terrain était très difficile. De toute façon, à chaque fois qu’une nation rencontre la France, elle évolue à 200% de ses possibilités. Les Bleus devaient absolument ramener un résultat de là-bas et ils ont été appliqués. Ce n’était pas facile mais grâce à un exploit de Nicolas Anelka, ils ont pu gagner, ce qui était le plus important.
« Je prie toujours pour être dans la liste »Avez-vous regretté de ne pas être sur le terrain ?Franchement, oui. J’ai porté quelquefois ce maillot et lorsqu’il y a une sélection, je prie toujours pour être dans la liste.
Ces derniers temps, on vous a souvent vu dans les quartiers auprès des jeunes. C’est important pur vous ?Ça m’a fait plaisir de me rendre dans ces quartiers, de voir ces familles. Je connais ce milieu. Je sais comment ça fonctionne et je sais ce que ressentent les jeunes lorsqu’ils rencontrent un joueur connu. En plus, ici, tout le monde vit pour Marseille et pour l’OM. Certains n’ont pas la chance de pouvoir venir à la Commanderie, certaines familles ne peuvent même pas acheter de billet pour le Vélodrome. Alors nous, quand on a un peu de temps et qu’on peut passer dix minutes ou un quart d’heure chez eux, ça leur fait du bien et nous sommes heureux.
Que faudrait-il pour ces jeunes : des terrains, des piscines, des salles ?De ce côté-là, je trouve qu’il y a des améliorations. Il y a des petits terrains, des salles et des éducateurs qui s’occupent de beaucoup de choses dans les quartiers. Chez moi, il y en a de plus en plus et c’est bien. Je pense que les recruteurs devraient se rendre plus souvent dans ces quartiers pour observer les jeunes qui font du sport et qui ont du talent. Les jeunes de quartiers ont déjà la technique. Ils sont habitués à jouer sur des petits terrains et dans ces coins-là, on a toujours un ballon avec nous.
Vous avez passé quelques jours en famille aussi…Je suis allé voir ma famille pour un décès. La maman de mon père est décédée. J’ai appris ça pendant le match contre Nice. J’ai demandé une autorisation pour passer quelques jours auprès de ma famille et José (ndlr : Anigo) m’a accordé ce déplacement.
Pour vous entretenir, on vous a vu travailler en piscine. C’est important ?La piscine, ce n’est pas mon truc mais c’est spécial. Pendant une demi-heure, on fait un travail intensif, c’est plus difficile que sur le terrain. J’ai effectué cette rééducation au cercle des nageurs, c’est un peu spécial. C’était la première fois.
Vous savez nager ?Si tu me jettes à la mer, je vais me maintenir, je me débrouille. Je reste sur place mais si ça dure trop longtemps, je coule avant que le bateau vienne me chercher. (Il éclate de rire) Moi, je travaillais avec la planche mais un autre avait la bouée… Il ne nage pas du tout ! Franchement, ça fait du bien. On peut travailler le cardiaque, le physique et c’est vrai que c’est intéressant.
De notre correspondant à Marseille, Christian RODAT (But! Marseille)