Rugby - CE : L'oeil de Bénézech Le duel franco-anglais a bien lieu. Lors de cette cinquième journée de Coupe d'Europe, Laurent Bénézech a été impressionné par les prestations des Français de Perpignan, Toulouse et Biarritz et des Anglais de Bath et Sale. Pour notre consultant, le Stade Français «n'a pas perdu son match, c'est vraiment Leicester qui est allé chercher la victoire !». Quant au retour de Jonah Lomu avec Cardiff, il le juge encourageant mais le All Black est «très loin de son ancien niveau».
« Laurent Bénézech, quel bilan tirez-vous de cette cinquième journée de Coupe d'Europe ? La confirmation que cette année la Coupe d'Europe devrait se résumer à un affrontement franco-anglais même s'il faut se méfier des deux provinces irlandaises du Munster et du Leinster qui ont démarré doucement et qui montent en puissance actuellement. D'un côté, Bath et Sale ont assuré leur qualification avec Leicester qui s'en rapproche et de l'autre Biarritz, Toulouse et Perpignan semblent bien placés pour être les trois équipes qui porteront tous les espoirs français en quarts de finale. En tout cas, la compétition est très serrée puisqu'avant la dernière journée, seulement trois équipes sont déjà qualifiées et seul Bath est certain de jouer son quart de finale à domicile.
Quelles sont les équipes les plus impressionnantes dans cette Coupe d'Europe ? Côté français, Biarritz et Perpignan ont réussi à gagner à l'extérieur dans des conditions difficiles en maîtrisant globalement l'ensemble de la rencontre, ce qui est important pour la confiance. Toulouse, dans un match où l'engagement était de haut niveau, a su défendre son titre. Côté anglais, Sale et Bath ont montré une solidité difficile à contrer même si leur jeu semble quelque peu stéréotypé et donc "facile" à contrer. Leicester m'a impressionné dimanche par sa capacité à se dépasser et à renverser une situation quasi désespérée face à une bonne équipe parisienne. C'est d'autant plus surprenant que Leicester est supposé avoir une équipe de transition avec l'intégration de jeunes joueurs qui manquent encore d'expérience encadrés par des joueurs en fin de carrière comme Healy ou Rowntree. S'ils arrivent à renouveler leur exploit à Clermont-Ferrand, ils seront la grosse côte des quarts de finale. Enfin, je me méfie de la province du Leinster qui a démarré doucement mais qui joue la finale de sa poule ce week-end contre Sale. Une victoire montrerait qu'ils demeurent une valeur sûre capable d'atteindre régulièrement les demi-finales de la compétition.
Après quelques difficultés en début de saison, Biarritz, victorieux (24-8) en Ulster, apparaît comme l'équipe du mois de janvier. Le retour des blessés est-il la seule explication à cette montée en puissance ? Non, certainement pas ! La bonne nouvelle pour tous les supporters biarrots est que les joueurs se sont enfin décidés à démarrer la saison et à vraiment jouer à leur niveau en se comportant en équipe autant en termes de solidarité que d'organisation. Pour la première fois, Biarritz enchaîne les matches avec un niveau de performance constant ce qui est bon signe pour la suite. Ils doivent bien sûr confirmer ce week-end contre les Saracens, mais maintenant ils en ont largement les moyens. En plus, ils ont à faire oublier le match aller, largement à leur portée mais pendant lequel ils avaient été en dessous de tout.
Le Stade Toulousain a battu (19-13) pour la première fois les Wasps à l'issue d'un match d'une grande intensité. Quelle est votre analyse sur cette rencontre ? Une chose est sûre, les Wasps sont une équipe difficile à jouer pour Toulouse. Néanmoins, dans un match de grosse intensité, les Toulousains se sont rassurés d'abord en se qualifiant pour les quarts de finale et ensuite en battant un adversaire de haut niveau. Même si l'on sent encore que l'équipe n'est pas revenue à son niveau de l'automne et qu'elle manque par moment de confiance, on peut penser qu'elle est sur la bonne voie et que, par exemple, une victoire à Llanelli pourrait suffire pour passer le cap.
L'autre grande performance française est à mettre à l'actif de Perpignan, tombeur (3-21) de Cardiff. La solidarité défensive des Catalans a-t-elle été la clé du match ? Perpignan a en effet bien maîtrisé la rencontre notamment par un bon match de ses avants. Néanmoins je ne pense pas que Cardiff était du nniveau de l'Ulster ou des Wasps pour faire des comparaisons. Les Gallois manquaient vraiment trop d'imagination pour surprendre des Catalans solides !
Qu'avez-vous pensé de la performance de Jonah Lomu ? Même si c'est très encourageant de le voir de retour sur un terrain, il est certain que Jonah Lomu est très loin de son ancien niveau. Il semble avoir beaucoup perdu en vitesse ce qui, du coup, le rend très prévisible. Jonah peut encore apporter beaucoup au rugby mais peut-être que s'il ne retrouve pas sa vitesse initiale, il devrait penser à changer de poste et revenir vers celui qu'il tenait à ses débuts, troisième ligne voire même peut-être deuxième ligne, car sa puissance qui reste intacte pourrait alors mieux s'exprimer.
En revanche, le Stade Français a craqué en fin de match contre Leicester (29-22). Comment expliquez-vous ces dix dernières minutes fatales ? D'abord et surtout par la fantastique réaction des Anglais qui ont su se surpasser à un moment où tout le monde s'attendait à les voir s'écrouler ! Le Stade Français a fait un très bon match en marquant tous ses points et en ne lâchant rien en défense avec une très bonne alternance au pied de la part d'Alain Penaud. Ils étaient dans les vingt-deux anglais au moment où ils perdent le ballon et où la déferlante anglaise a amené le premier essai. Ensuite l'espoir avait changé de camp et les Parisiens ont payé toute l'énergie qu'ils avaient mise à défendre pendant 70 minutes. Franchement, Paris n'a pas perdu son match, c'est vraiment Leicester qui est allé chercher la victoire !»