par Invité Lun 16 Avr - 22:43
Pagis-Cissé, destins croisés
Par Alban LAGOUTTE
De Football.fr
Avec Mickaël Pagis et Djibril Cissé, l'Olympique de Marseille possède en son sein deux attaquants de caractère. Si les deux hommes ne sont pas dénués de talents et ont faire leur preuve en Ligue 1 par le passé, ils traversent en ce moment une période difficile sur le plan du jeu et se montrent d'autant plus nerveux et agressifs sur le rectangle vert. Pourtant, alors que l'ancien Auxerrois remonte progressivement la pente, l'ex-Strasbourgeois paraît lui s'enfoncer dans le bourbier de la maladresse.
En début de saison, Marseille pensait posséder la meilleure attaque de Ligue 1 avec Lyon, en tout cas sur le papier.... Pensez donc, Mamadou Niang, Samir Nasri, Toifilou Maoulida, Franck Ribéry pour alimenter des buteurs tels que Mickaël Pagis ou Djibril Cissé... Oui mais voilà, la vérité du terrain est toute autre. Les deux derniers cités n'ont jamais réussi à évoluer ensemble sur le terrain dans de bonnes conditions. En manque de repère, les deux hommes se sont soit marchés sur les pieds, soit perdus dans des tentatives de combinaisons improbables. Pire, les voilà aujourd'hui tous les deux en pleine crise de confiance.
"Pagistral", le chouchou du Vélodrome durant la deuxième moitié de la saison passée, a
été la première victime du rétablissement de Djibril Cissé. Sorti du onze titulaire, l'ancien Sochalien s'est retrouvé à cirer le banc de touche, laissant au nouvel arrivant le soin de conclure les offrandes de Niang, Ribéry, Nasri ou Maoulida. Sur le fond, rien de très scandaleux lorsque l'on s'attarde sur le statut d'international du natif d'Arles. Mais au regard des performances et de la dynamique dans laquelle les deux joueurs se trouvaient cet hiver, nul doute que l'ex-Lionceau a eu du mal à avaler la pilule. Cela s'est par ailleurs ressenti très rapidement sur le pré. A chacune de ses entrées en jeu, Pagis, passablement énervé de devoir sortir du banc, se montrait nerveux, trop agressif et virulent. Malgré son expérience, l'Olympien s'est donc peu à peu perdu dans des conflits avec ses adversaires pour finalement se déconcentrer totalement de son jeu et perdre cette adresse et cette vista que beaucoup d'attaquants de L1 lui envient.
Depuis deux rencontres, l'ancien Nîmois, a retrouvé son statut de titulaire en lieu et place de Djibril Cissé mais la confiance n'est toujours pas revenue. Pour preuve, Pagis n'a plus marqué en Ligue 1 depuis la 19e journée et un match contre l'AS Saint-Etienne... Une éternité pour un homme de 33 ans qui a la majeure partie de sa carrière derrière lui. Samedi, contre Valenciennes (0-0), le "Cantona du Vélodrome" a beaucoup tenté mais sans réussite aucune, laissant même échapper une incroyable occasion qu'il aurait sans doute mise au fond des filets il y a seulement quelques semaines encore... Mais le talent ne s'évanouit pas et "Pagistral" veut revenir pour améliorer son compteur-but aujourd'hui porté à 8 unités en championnat.
8 buts pour Pagis, 4 pour Cissé
Deux fois mieux qu'un certain Djibril Cissé, lui aussi décrié dans les rangs phocéens. Avec 4 réalisations inscrites en championnat depuis son retour de blessure, l'attaquant prêté par Liverpool a lui aussi connu une grande période de doute dont il semble se tirer progressivement. Revenu très fort après sa fracture tibia-péroné, Djib' a depuis connu le fameux coup de fatigue qui fait mal à l'organisme et a mis l'homme en colère contre lui-même. Cissé était venu à Marseille, le club de son coeur, pour faire mal et pourquoi pas s'installer dans la durée au sein d'une équipe qui veut retrouver la Ligue des Champions. Mais, avec seulement 4 buts inscrits (le dernier date de la 30e journée face au LOSC, sur penalty) en L1, l'ancien Auxerrois est loin de son niveau d'antan. A l'image de son partenaire d'attaque plus âgé, l'international est lui aussi devenu irascible sur le terrain. Coléreux et râleur, l'homme aux tatouages n'apprécie guère d'être fuit par la réussite, et il le fait savoir. Peut-être pas de la bonne manière aux yeux d'une partie du public marseillais et de l'équipe de France, qui se complaisent à conspuer et siffler le Français.
Cissé a encaissé les critiques puis fait taire les rumeurs mensongères qui faisaient de lui le vilain petit canard du groupe provençal. Il s'est remis au travail, a accepté sans broncher de retrouver le banc de touche depuis deux matches et a montré qu'il était prêt à quitter son étiquette de star. Entré en jeu contre VA, le Red a pris le couloir droit et a été combatif, n'hésitant pas à provoquer balle au pied et à défendre pour aider l'équipe.
Un comportement qui a sans doute plu aux supporters Ciel et Blanc et à l'entraîneur, Albert Emon. Dans une fin de saison où l'OM peut tout perdre ou tout gagner, le technicien marseillais n'a plus le droit à l'erreur. Pour accrocher une place en Ligue des Champions et remporter la Coupe de France, Marseille devra compter sur toutes ses forces vives, y compris Cissé et Pagis. Charge à eux de retrouver leur football, leur adresse et de transformer cette rage de vaincre en énergie positive. Mais, après tout, les deux buteurs ne sont-ils pas des hommes de caractère ?