Foot - ESP - Platini par traîtrise (presse) «
Traîtrise, préméditation et agissements nocturnes : Platini nous a encore roulé, 24 ans après son but contre Arconada». Icône jusque-là intouchable en Espagne, l'image de Michel Platini en a pris un coup. Mercredi matin, il est accusé en première page du quotidien
Marca, d'avoir personnellement influé en faveur de la dure sanction de l'UEFA contre l'Atletico Madrid (deux matches de suspension en C1 pour le club et son coach et 150.000 euros d'amende).
Marca n'est pas le seul média à pointer le président de l'UEFA. Le très sérieux quotidien d'informations générales
El Pais, souligne la mauvaise foi de «
l'axe franco-anglais». Le journal s'étonne de la coïncidence existant entre l'annonce de cette sanction sans précédent et la décision, énoncée la veille par la fédération britannique de football, de ne pas jouer son prochain match amical contre l'Espagne au Santiago Bernabeu (stade du Real Madrid), à cause des cris racistes lancés contre les joueurs noirs de sa sélection, lors d'un match précédent. «
Ce n'est pas un hasard, s'insurge
El Pais.
L'UEFA, gouverné par un Français (Platini)
et un Anglo-saxon (l'Ecossais, Gordon Taylor, son secrétaire général),
s'en est pris à [l'Atletico] un club d'Espagne, pays dont l'hégémonie sportive nationale est depuis longtemps jugée douteuse par les Français et les Anglais : de Alonso à Nadal (tenis) en passant par Contador et les autres». Une théorie du complot qui n'est pas nouvelle en Espagne, quand les institutions, sportives ou autres, sont prises à partie par l'extérieur. Mais comme le résume
El Pais, les Espagnols ont très peu apprécié que, «
pour la première fois, à travers une sanction démesurée, l'UEFA s'auto-attribue le pouvoir de juger [les actions] d'une police nationale. Insolite ! ».
Caméras de sécuritéLa responsabilité des sanctions est directement attribuée à Michel Platini. Trois jours, le président de l'UEFA avait effectivement annoncé dans
La Provence du 10 octobre, son intention de s'engager personnellement contre le club madrilène : «
Si la commission de discipline indépendante impose une sanction qui n'est pas appropriée, je ferais appel personnellement». D'où la réaction des journaux comme
Marca, qui écrit : «
Fourberie : Platini avait prévenu vendredi. Préméditation : il voulait intervenir personnellement. Agissements nocturnes : il l'a communiqué dimanche à 23H00, 13 jours après le match». Et le journal de conclure sa chronique avec une déclaration des autorités judiciaires, affirmant que le supporter Marseillais emprisonné depuis deux semaines suite aux incidents entre policiers et supporters de l'OM, Santos Mirasierra, restera en prison «
jusqu'à la fin de l'enquête », ce qui risque d'être long.
Pour les médias espagnols, la responsabilité des supporters marseillais ne fait aucun doute. Mardi soir, la police a fourni à tous les médias des vidéos (immédiatement mises en ligne sur Internet) prises par les caméras de sécurité du stade Vicente Calderon, montrant une charge violente des supporters contre les stewards et les forces de l'ordre. «
Les agissements de quelques sauvages supporters de Marseille ont éclaboussé la police espagnole, l'Atletico Madrid et ses supporters», annonçait mardi midi le journal de la chaîne nationale
TVE-1, la première chaîne du pays.
- Frédéric TRAÏNI, à Barcelone.