par Tammat Mer 14 Nov - 13:54
LA DRÔLE DE SEMAINE DES BLEUS
Par Cédric ROUQUETTE et David MICHELRassemblé pour un match amical exceptionnellement programmé un vendredi (France - Maroc), le groupe France ne sait pas s'il prépare la rencontre la plus importante depuis la Coupe du monde ou si son voyage à Kiev sera amical. Car sa qualification peut dépendre d'Italie - Ecosse.
Footing en forêt et sous la pluie pour les Bleus, mardi à Clairefontaine. (L'Equipe) 1. Pourquoi France - Maroc ?
Raymond Domenech n'a pas l'habitude de laisser traîner des dates internationales. Il exploite chaque case disponible au maximum, faisant parfois valoir ses droits au-delà du règlement (comme en novembre 2005 pour France - Costa Rica). Jusqu'ici, il s'était trouvé en situation d'organiser un match amical après un match de qualification, à l'image du France - Autriche programmé en mars dernier (1-0), cinq jours après la victoire en Lituanie (1-0). L'équipe de France étant exempte de rencontre dans le groupe B, samedi, alors que Lituanie - Ukraine et Ecosse - Italie feront bouger le classement, le sélectionneur a logiquement cherché une rencontre de préparation. « Je ne voulais pas qu'on reste dix jours à ne rien faire. Il nous faut du rythme. C'est une journée décisive. Elle doit nous permettre de rentrer dans le vif du sujet ». Une excellente raison pour programmer le cinquième France - Maroc de l'histoire, sept ans après le dernier.
2. Pourquoi vendredi ?
La première réponse est évidente : pour s'octroyer vingt-quatre heures de récupération supplémentaire avant le déplacement en Ukraine, où l'équipe titulaire évoluera cinq jours après France - Maroc. « Certains joueurs auront disputé huit matches d'ici là, indiquait Raymond Domenech le mois dernier. Alors, on aura à la fois besoin de garder le rythme et de récupérer. » A cela, Raymond Domenech ajoute un élément : «Je voulais voir jouer l'Ukraine le samedi ». Convaincu - réellement, ou pour l'affichage médiatique - que la France devra aller en Ukraine pour gagner, le sélectionneur ne regardera pas Ecosse - Italie en espérant voir la qualification tomber de l'arbre. Il ira observer lui-même le futur adversaire des Bleus à Kaunas. L'Angleterre, du reste, procèdera cette semaine exactement de la même manière que la France. Pour préparer la réception de la Croatie (le 21), elle ira disputer un match amical vendredi en Autriche.
3. Quelle gestion de l'effectif ?
Depuis la victoire contre la Lituanie (2-0), la rhétorique du sélectionneur n'accorde aucun espace à l'hypothèse d'une qualification dans un fauteuil, samedi, si l'Italie gagne en Ecosse. Le mot d'ordre, depuis que le groupe est rassemblé, est qu'il faut se préparer à aller gagner en Ukraine (alors qu'un nul suffit). Sur ce point, la tendance qui se dégage est de titulariser face au Maroc un onze de départ proche de celui conçu pour aller à Kiev. Il est prêt dans la tête du sélectionneur depuis un moment. Pour la seconde période, si le scénario du match n'inspire pas à Domenech l'idée de faire souffrir ensemble cette équipe de départ, le traditionnel ballet des remplacements devrait encore avoir lieu au Stade de France. « J'ai droit à six changements, j'en ferai huit. Chacun doit se servir de ce match pour être prêt aussi bien mentalement que physiquement pour le match de l'Ukraine. Tout le monde doit être au même niveau», a-t-il répété.
4. Que feront les Bleus samedi ?
Plus lucides que leur entraîneur sur leurs chances d'être qualifiés sans jouer, samedi, plusieurs joueurs ont déjà fait savoir qu'ils aimeraient bien regarder le match entre l'Ecosse et l'Italie. « Si les autres ne veulent pas le regarder, je le ferai seul », a déclaré Samir Nasri. Le meneur de jeu de l'OM s'est même déjà trouvé au moins deux acolytes, Alou Diarra et Karim Benzema, qui ont eux aussi déjà réservé leur soirée devant le poste de télé. « On regardera ce match très attentivement parce que notre qualification en dépend » a affirmé le Bordelais. « C'est important de voir des matches comme ça, c'est bénéfique pour nous. J'espère qu'il y aura une télé », a de son côté lancé le Lyonnais. Et tous les trois ont assuré que « pour une fois, (ils seront) supporters de l'Italie ». Il leur faudra donc braver l'interdiction du sélectionneur, bien décidé à les priver de ce petit plaisir. « Samedi, il n'y aura qu'un match à regarder, c'est Lituanie - Ukraine, a prévenu un Domenech peu conciliant. Il n'est pas question qu'ils regardent Ecosse - Italie, ce match ne nous concerne pas. Je ne veux pas en entendre parler. Je préfère qu'ils jouent aux cartes ou qu'ils aillent en boîte. S'il le faut, je grillerai toutes les télés de Clairefontaine ». Ça promet une belle ambiance.
lequipe.fr