« Colmater tout ça » PANORAMIC
Olivier DE LOS BUEIS - jeudi 24 août 2006 - 15h51
Si Le Mans va bien, le MUC prend trop de buts. Et dimanche, les Sarthois se rendent à Marseille et son attaque de feu. Grégory Cerdan, défenseur central de l’équipe de Frédéric Hantz fait le point pour Football365 sur ces soucis défensifs.
Discret, Grégory Cerdan fait rarement la une des journaux. Dans un football où les défenseurs sont rarement mis en valeur, le natif de Saint-Denis fait donc sa carrière à l’ombre des attaquants en essayant… de leur faire de l’ombre sur le terrain. 1m90, 84 kilos, un beau poids lourd qui s’est imposé sans faire de vague au Mans : « Rien n’est acquis, je suis encore jeune. La concurrence est rude avec Basa, Paulo Andre, Louvion, il fait toujours se remettre en cause. Il faut convaincre le coach à chaque match. »
Formé au Mans, Grégory Cerdan a pu se forger un mental à toute épreuve lors de son passage à Saint-Leu-Saint-Gratien en National. « Ce n’est pas évident de faire comprendre à un jeune qui passe pro en Ligue 1, qu’il peut aller faire une année en National pour lui faire du bien. Mais je ne l’avais pas pris comme une punition. Le National, c’était un prêt. Ca m’a servi de tremplin. J’ai connu l’exigence physique du championnat de National. Je n’étais pas habitué à ça. Ca m’a permis de revenir plus fort. »
Revenu plus fort en L1, il reste encore des trucs à savoir : le haut niveau est une exigence de chaque jour, et l’accident bête peut tout ruiner. « Je jouais au ballon avec mon chien, j’ai tapé dans un truc dur. J’ai eu un gros œdème sur le pied, et je n’ai pas pu mettre de chaussure pendant quatre semaines. C’était la semaine de Lyon, ça m’a fait rater tout le début de saison… C’est du passé. » Il reste désormais à Cerdan à continuer sa progression pour s’approcher du niveau de son modèle, Alain Roche...
Grégory Cerdan, Le Mans est co-leader du championnat, quelle impression ça fait ?Ce n’est que le début. Mais on est fier d’ouvrir le journal et de voir Le Mans à égalité de points avec l’OL et l’OM. On a un match à jouer, c’est Marseille, c’est sûr que c’est alléchant quand on regarde le tableau, mais c’est un match comme un autre.
Comment avez-vous vécu cette course-poursuite face à Valenciennes, après une autre course-poursuite contre Troyes ?On n’attendait pas ce scénario en débutant le match. Mais à 2-0, face à une bonne équipe, on s’est dit Troyes avait réussi à nous remonter deux buts, donc tout restait possible. On n’a rien lâché. Les efforts ont payé à la fin. Nous sommes contents, parce qu’après la relative contre-performance de Troyes, on a su inverser la tendance ce week-end.
Le gros point fort, c’est le secteur offensif, ça fonctionne bien…On a beaucoup d’attaquants dans notre effectif. Beaucoup de joueurs à vocation offensive. Le coach a établi une tactique avec beaucoup de joueurs offensifs sur le terrain, en 4-2-4. A nous de les trouver pour que eux fassent la différence ensuite. Pour l’instant ça marche, lors des trois premiers matchs, on a marqué un, deux puis trois buts. Ca marche très bien, essayons de continuer comme ça. Ca fait plaisir aux spectateurs de voir des buts.
« Le challenge de l’offensive, je m’en tape un peu »Pour un défenseur, en prendre ça fait moins plaisir…Moi, le challenge de l’offensive, je m’en tape un peu (rires). On joue dans un dispositif où nous, défensivement, on est un peu plus exposés aux contres… Le repli défensif est plus difficile. A nous de colmater les brèches. Encaisser quatre buts en trois matchs, c’est quand même beaucoup…
C’est frustrant pour le secteur défensif. Frédéric Hantz a-t-il une idée pour régler ce souci ?C’est collectif mais aussi individuel pour les défenseurs. Dans la surface de réparation, autant on demande à un attaquant d’être décisif devant le but, autant un défenseur c’est pareil : dans les 20 derniers mètres, il faut stopper l’attaquant pour qu’il ne marque pas. Après ce sont les qualités individuelles qui font la différence.
On parle rarement de l’efficacité défensive, vous devez sortir déçu malgré la victoire quand l’attaquant d’en face marque deux buts comme Savidan samedi ?Tout à fait. Là, il y a aussi l’accumulation des deux matchs : deux buts à Troyes, deux buts contre Valenciennes. On est content de la victoire, mais on se dit : « on a encore pris deux buts. » Il y a des matchs décousus où on prend des buts sans qu’on n’y puisse rien. Alors que là, on sort avec un goût amer. Le travail n’a pas été très très très bien fait… Il faut travailler pour colmater tout ça à Marseille, où il ya un potentiel aussi…
« Les automatismes vont s’améliorer »Votre équipe est très jeune, peut-être insouciante ce qui peut amener une déconcentration dans le domaine défensif…La jeunesse est un atout par la folie qu’on met dans le jeu, par l’envie, mais ça peut aussi être un point faible inconscient car avec notre fougue, on se lance dans la bataille et après… On joue avec deux milieux défensifs qui sont des joueurs qui jouent au foot. Ca expose aux contres. Il va falloir travailler là-dessus pour acquérir de la maturité. C’est beau de pratiquer un football offensif, mais il y a des bases à garder. Ca viendra avec le travail. L’équipe est toute jeune. Elle va s’améliorer.
Le départ de deux milieux défensifs (Hautcoeur et F.Thomas) a pu aussi déstabiliser le collectif…Il faut travailler, car Romaric et Coutadeur n’ont pas du tout les mêmes caractéristiques que Hautcoeur et Thomas. Autant Yohan Hautcoeur avait un gros allant offensif, qui aimait partir devant, autant Fred Thomas était souvent pour colmater les brèches devant la défense. Là, Romaric et Coutadeur sont plus offensifs à la base. Les automatismes vont s’améliorer car on travaille à l’entraînement. Ce sont des joueurs qui progressent déjà tactiquement. Et à nous, défenseurs, de nous adapter aussi, en étant des fois être plus près de nos milieux.
Face à Marseille, vous aurez un gros test défensif… Avec les Pagis, Ribéry, Maoulida et Niang, il faudra utiliser toute la palette du défenseur…Comme vous dîtes. Ils ont un gros potentiel offensif avec des joueurs de provocation et de percussion, Maoulida, Niang ou Ribéry… Ce sont des joueurs qui rentrent dedans, qui éliminent les joueurs. Dans l’euphorie de Marseille, ils sont bien. On s’attend à devoir défendre, mais ça pourra peut-être aussi nous laisser des espaces. A nous de savoir récupérer le ballon pour profiter de quelques espaces. Mais défensivement, il faudra être solide, surtout quand il ya des gens comme Ribéry…