Domenech : «Ce que j'attends...»
Domenech se dit libre de choisir. (L'Equipe) Malgré les pressions du président lyonnais Jean-Michel Aulas, Raymond Domenech a prétendu mardi à Clairefontaine qu'il allait aligner le défenseur Eric Abidal contre la Slovaquie, mercredi soir au Stade de France. Le sélectionneur des Bleus espère surtout que ce match sera le point de départ d'un état d'esprit, qui doit mener l'équipe de France au succès lors de la prochaine Coupe du monde.
« Raymond Domenech, avez-vous été sensible aux pressions de Lyon concernant Eric Abidal ? Après avoir vu le certificat médical, nous lui avons fait passer un scanner pour avoir toutes les certitudes. Je vous l'assure, il est en parfait état. Lui-même l'a dit. Le président (Jean-Pierre Escalettes), qui était le seul habilité à m'empêcher à prendre un joueur, ne l'a pas fait. Il m'a laissé libre de mes choix sportifs. Je suis libre de choisir et je n'ai jamais subi de pressions de qui que se soit pour sélectionner un joueur ou pas. Je ne fais pas du cas d'Eric (Abidal) un cas particulier. C'est un joueur comme les autres.
Comment en est-on arrivé là ? Je ne sais pas. J'ai pris mes précautions. J'ai pris la peine d'appeler Monsieur Houllier pour lui en parler, contrairement à ce qui a été sous-entendu. Nous nous sommes expliqués et il en a fait part à la presse. Ca m'a déçu. J'aurais aimé que cette conversation reste privée. Je lui ai dit que je gèrerai le temps de jeu d'Eric. Je ne pouvais pas ne pas le prendre et ne pas le faire jouer. J'étais même prêt à le faire jouer une mi-temps dans l'axe pour qu'il ait moins à courir. Le lendemain, cela a pris des proportions que je n'attendais pas alors que nous avions un accord de principe.
Vous avez été entraîneur de Lyon. Cela a-t-il une incidence sur la gestion de cette affaire ? Oui, dans la mesure où je connais bien Monsieur Aulas. Je sais qu'il défend bien son club. Pour ma part, je ne suis plus l'entraîneur de Lyon mais bien celui de l'équipe de France. Je raisonne donc un peu plus large que sur les intérêts locaux. Si j'étais à la place de Monsieur Aulas, je comprendrai. Ce match est vraiment une hérésie. Il est placé entre deux journées de Championnat et deux matches de Ligue des champions. Je comprends que les clubs puissent se poser des questions. Mais c'est le lot de toutes les grandes équipes. Lyon, qui est dans la même position que Chelsea, le Bayern où la Juve, ne peut pas avoir que des avantages. Tout le monde est dans la même situation. Il faut que la FIFA et les grands clubs trouvent un équilibre pour ne pas se marcher dessus à ces périodes là, qui sont décisives pour tout le monde.
Est-ce que les tous les joueurs retenu dans le groupe vont jouer ? Non, parce que cette rencontre n'est pas une expérimentation. Après, il y a les circonstances du jeu. Mais, ce n'est pas dans mon idée de départ.
Qu'attendez-vous vraiment de ce match ? Le départ d'un état d'esprit. Quels que soient les joueurs qui composent l'équipe, ils doivent me montrer une vraie envie et une vraie conviction. Nous allons à la Coupe du monde pour effacer les deux précédentes compétitions (Mondial 2002 et Euro 2004). Les joueurs ont cette envie là. On y va pour se battre et montrer quelques chose, pas pour y faire de la figuration. En clair, pour aller au bout.
Que pensez-vous du discours « positif » de Zinédine Zidane ? Je suis content des propos des uns et des autres. Ceux de Thierry Henry vont également dans ce sens. Ils savent ce qui s'est passé à la dernière Coupe du monde et à l'Euro. Ils n'ont pas envie de revivre les mêmes choses. Ils veulent vibrer et savent ce qui est important. Dans le groupe des 23, tout le monde doit être concerné. A tout moment, les remplaçants doivent être prêts à pallier une incertitude, une faiblesse ou une blessure. Tous les joueurs doivent être déterminés.
Le groupe des 23 sera-t-il une addition pure et simple des meilleurs joueurs du moment ? Je vois plutôt ça comme un assemblage. On ne peut pas prendre les meilleurs s'ils ne peuvent pas vivre ensemble. A un moment, il faut de l'affectif pour que les joueurs aient envie d'aller au bout de cette aventure. Ils ont quand même six semaines à passer ensemble...Pour qu'il n'y ait pas de démobilisation, les liens qui les unissent doivent être forts. On ne peut pas dire : « Je prends les meilleurs joueurs ». Parfois, ce n'est pas vrai. D'autres éléments entrent en ligne de compte.
A quoi correspond la sélection de Jérémy Toulalan ? A l'idée qu'il y a des bons et jeunes joueurs qui peuvent se hisser au plus haut niveau. L'équipe de France, ce n'est jamais figé. La porte est encore ouverte pour deux mois et demi.
Vous n'avez pas souhaité donner sa chance à Franck Ribéry. Pour quelles raisons ? Ce qu'il fait avec Marseille ne me laisse pas indifférent. Il continue de montrer des choses intéressantes. Comme pour d'autres, la porte lui reste ouverte. Il y a des possibilités.
Que pensez-vous du cas Vikash Dhorasoo, mis sur la touche par son entraîneur ? J'ai discuté avec lui de sa situation. Il sait qu'il n'est pas au mieux et a l'intention de montrer au PSG qu'il veut revenir. Vikash a envie d'être efficace avec son club pour pouvoir être performant en équipe de France. Les deux sont liés et il se rend bien compte de la situation. Maintenant, il faut des actes.»