«Là où tout le monde attendait des guerres et du sang, il y a une paix royale et l'harmonie.» José Anigo, le directeur sportif de l'Olympique de Marseille, ne cache pas son plaisir devant la «sérénité» qui prévaut au sein du club alors que l'équipe n'est pas au mieux sportivement parlant. Il envisage l'arrivée de deux attaquants au mercato hivernal.
«José Anigo, a deux matches de la trêve, l'OM est dixième. Que pensez vous du parcours de l'équipe ?
Je ne pense pas que nous serons dixième à la trêve. En deux matches, nous pouvons prendre quatre points et être dans les six premiers. Avec deux renforts au mercato, la deuxième partie du Championnat pourrait être tout autre. Mais il est vrai que nous avons laissé beaucoup de forces en Intertoto, qui ont coûté des points en Championnat.
Et si l'Intertoto était à refaire ?
Disons que nous hésiterions peut-être un peu plus.
Malgré ce classement moyen, la crise ne semble pas à l'ordre du jour.
La vraie nouveauté en effet, c'est que, en d'autres temps, Jean Fernandez ne serait plus là. Cela montre que le message de Louis Acariès sur le consensus et la sérénité est passé. Il faut arrêter de toujours tout casser !
Cette sérénité prévaut-elle en interne ?
Oui, tout simplement car tous les jokers ont été utilisés. Nous essayons de devenir plus matures que par le passé. On a mis beaucoup de choses entre parenthèses, on discute. C'est le rôle concret de Louis Acariès. Nous n'étions pas partis pour vivre ensemble (avec Pape Diouf). Mais là où tout le monde attendait des guerres et du sang, il y a une paix royale et l'harmonie. L'atmosphère est totalement pacifiée. Le problème, jusque dans un passé récent, c'est qu'il y avait deux familles qui s'affrontaient, le sportif et l'administratif, notamment parce que l'administratif se mêlait du sportif sans en assumer les risques. Aujourd'hui, ces deux familles mangent ensemble à midi.
Avez-vous un modèle d'organisation ?
La référence, en matière de sérieux, de professionnalisation et de tranquillité, c'est Arsenal. Ils sont partis de rien, avec un déficit d'installations et une équipe à reconstruire. Mais le temps leur a permis d'arriver là où il sont.
L'impression d'irrégularité dégagée par l'équipe vient-elle d'un effectif insuffisant ?
Au moindre blessé ou suspendu, l'équipe est en effet moins forte. Mais nous connaissions les règles du jeu, vu notre budget recrutement et la prise de fonction tardive de la nouvelle direction sportive et administrative. Nous avons agi en urgence. Mais nous n'allons pas pleurer. Et nous n'avons quand même pas fait tout faux dans le recrutement !
Le rendement des attaquants Mendoza et Gimenez prête à débat.
Il n'y a jamais de certitude de réussite. En l'occurrence, ce ne sont pas forcément les joueurs qui sont en cause. Il y a aussi la situation de départ, où nous avions peu de temps pour recruter. Rappelons-nous aussi l'exemple de Didier Deschamps, que le "grand" Bernard Tapie avait fait venir et qu'il n'avait pas gardé. Il était parti à Bordeaux pour revenir plus fort. Je pense quand même que nous sommes à 80% de réussite dans le recrutement : Ribéry, Niang, Cesar, Cana, Oruma.
Qu'en est-il du mercato et de la piste Djibrill Cissé ?
Recruter deux attaquants serait parfait, sachant que Cissé n'est pas la seule piste. Mais pour cela, il faudra des départs. C'est la condition financière imposée par le conseil de surveillance.
Fabien Barthez va-t-il prolonger son contrat, expirant en juin ?
Nous avons décidé de nous rencontrer en janvier-février, après la trêve, pour en parler.
Qu'en est-il enfin d'Abdoulaye Méïté, titulaire l'an passé et remplaçant aujourd'hui ?
Abdou devrait se poser les bonnes questions. Plutôt que de se demander "à cause de qui je ne joue pas ?", il devrait s'interroger: "pourquoi je ne joue pas ?" J'ai discuté avec lui. L'unique raison de sa situation, ce sont ses performances. Le reste, c'est du pipeautage de joueur qui se cherche des excuses.
Où en êtes-vous des projets en matière de formation ?
Avec la jurisprudence Flamini (espoir de l'OM dont le départ en 2004 à Arsenal a été approuvé par le TAS), il n'y a plus aucune garantie pour les clubs français de conserver leurs jeunes. Notre philosophie serait alors plutôt de restreindre le nombre de stagiaires recrutés localement, mais ayant un très bon niveau, et de faire signer sous contrat professionnel peut-être 5 ou 6 joueurs étrangers de 17 à 19 ans, européens de préférence, en quasi post-formation. Cela présenterait l'avantage de ne pas se les faire piquer. L'exemple, c'est Taye Taiwo. Dans cette optique, j'ai aujourd'hui deux joueurs en tête.»