Foot - Bourse : J-F Lamour «comprend les clubs» Le ministre des Sports, Jean-François Lamour, affirme «comprendre l'impatience» des clubs professionnels à pouvoir entrer en bourse, mais justifie sa prudence par son souci d«
'éviter la pression des actionnaires sur les résultats sportifs. Imaginons que le club arrive en bourse et que les actionnaires fassent pression, a expliqué Jean-François Lamour.
Ils vont faire pression sur la composition de l'équipe, le changement d'entraîneur... mais ça c'est le domaine de l'aléatoire. Surtout, ils vont chercher où sont les recettes. Où sont-elles actuellement ? Dans le merchandising un peu mais surtout dans les droits télé.»
Dans ce domaine, le ministre craint que l'on se tourne rapidement vers une demande «de gestion directe des droits, individuelle et non plus mutualisée» parce que des clubs, comme l'Olympique Lyonnais seront «en mesure de négocier directement et à des hauteurs plus importantes les droits télé.» Conséquence directe, selon lui : «A très court terme, une pression forte sur la Ligue professionnelle qui servirait plus sur un principe d'organisation du Championnat et non plus de mutualisation, de solidarité entre les clubs.»
Vers une Ligue fermée «La deuxième pression immédiate des actionnaires, a poursuivi le ministre, c'est l'évolution d'un Championnat ouvert vers un Championnat fermé. Un
modèle à l'anglo-saxonne. Je pense que le sujet est là. Il n'est pas l'entrée en bourse des clubs. Les meilleurs clubs, à l'exemple des espagnols, ne font pas appel à l'épargne publique.» Conscient de cette évolution probable, le ministre se demande si «en Europe, on est prêt à transformer profondément notre modèle d'organisation en système de championnat fermé sur le modèle anglo-saxon.»
Se pose pour lui une autre question importante: «Comment maintenir la solidarité entre ligue fermée et niveaux inférieurs puisque seuls les joueurs monteraient et descendraient. Sous quelle forme la solidarité pourrait-elle exister ? Et quelle serait la solidarité entre le foot, qui concentrerait encore plus de moyens, et les autres sports ? Si le mouvement sportif, la FIFA et l'UEFA, dit on veut que le championnat soit fermé, il faudra définir d'autres modes de solidarité», a poursuivi le ministre qui s'entretiendra début février avec Joseph Blatter, le président de la Fédération internationale qui «a commencé à sentir le danger venir.»
M. Lamour a également insisté sur une autre conséquence possible du passage vers un championnat fermé : «A partir du moment où on commence à fermer -un peu comme en F1 et pour les Ligues américaines- la priorité des propriétaires et sportifs n'est plus la sélection nationale mais le championnat.» Au final, M. Lamour insiste que l'entrée en bourse des clubs n'est «pas la priorité. Si c'est pour plumer les épargnants, je ne vois pas très bien l'intérêt d'entrer en bourse.» Il faut avant tout «se doter des actifs, d'un outil, d'attirer des investisseurs sur un modèle économique performant, donc avec des revenus», a conclu Jean-François Lamour.