BIEN PLACÉS, ET BIENTÔT REMPLACÉS ?
Ils sont tous les quatre en lice pour une place en Ligue des champions, voire pour le titre, et ils sont aussi en fin de contrat. Laurent Blanc (Bordeaux), Guy Lacombe (Rennes), Paul Le Guen (Paris-SG) et Eric Gerets (Marseille) ne sont pas certains de poursuivre leur job l'été prochain. Mais leurs cas sont différents.
LAURENT BLANC (BORDEAUX)Son bilan : Assez brillant pour l'instant. Dès sa première saison sur le banc, en 2007-2008, Blanc a conduit Bordeaux à un souffle du titre (2e). Il a été élu meilleur entraîneur de l'année aux Trophées UNFP. Son équipe semble encore avoir pris du volume cette saison. Le style séduit. Le jeune entraîneur n'a pas peur de faire des choix. Voilà de la graine de sélectionneur.
Sa situation : Il a promis de donner une réponse à ses dirigeants en janvier. Ceux-ci ont envie de le conserver. Lui n'a pas l'intention de partir juste pour partir et ne fera pas de l'argent une clef de la négociation.
Ce qui pourrait compliquer les choses : Blanc n'a pas l'intention de rester pour faire de la gestion d'effectif, surtout si celui-ci est mouvant. Il est prêt à taper dans la main de Jean-Louis Triaud et Nicolas de Tavernost à condition d'avoir les moyens de ses ambitions. Il veut des joueurs, des bons, des chers. Il y a dans son discours une invitation à la prise de risques économique dont rien ne dit qu'elle sera suivie.
La phrase-clef : «
S'il (Blanc)
veut s'occuper d'économie, ce n'est pas un souci. Mais il ne faut pas croire que faire de l'économie veut dire créer de l'argent là où il n'y en a pas. Il faudra toujours faire avec le même budget.» (Jean-Louis Triaud, lequipe.fr, 22 octobre 2008)
La tendance : On continue à 70%.
GUY LACOMBE (RENNES)Son bilan : Arrivé comme un pompier le 17 décembre 2007 à la place du cumulard Pierre Dréossi, revenu depuis dans les bureaux, il fait progresser l'équipe à vue d'oeil. Il a d'abord assuré le maintien, impulsé une belle fin d'exercice en 2008 et, malgré un été agité, refait de Rennes un acteur majeur du Championnat. Les Bretons sont sur le podium. A ce rythme, parler même du titre ne sera pas tabou.
Sa situation : Frédéric de Saint-Sernin - qui s'est résolu à composer avec le caractère insatisfait de Lacombe, même si sa communication a pu froisser jusqu'à François Pinault - a proposé une prolongation à son entraîneur. Les négociations se poursuivent.
Ce qui pourrait compliquer les choses : Au-delà du volet financier, Guy Lacombe, qui est quelqu'un de très ambitieux, a deux craintes. La première : revivre un été comme le précédent, en pire, quant aux velléités de départ de ses meilleurs joueurs. La seconde : si ceux-ci partent, il ne veut pas avoir à mendier pour obtenir des renforts. Il reste des choses sur le tapis.
La phrase-clef : «
L'entraîneur est un cadre du club, le plus important au plan technique. Et comme je l'ai toujours dit, tout doit partir du terrain...» (Guy Lacombe, 4 août 2008, conférence de presse)
La tendance : On continue à 80%.
PAUL LE GUEN (PARIS-SG)Son bilan : Mitigé, voire mauvais au regard des espoirs que son arrivée avait fait naître en janvier 2007. Quinzième puis seizième de L1, le PSG de Le Guen joue enfin le premier tiers du classement cette année. Les difficultés du club trouvent leurs racines assez loin, ce qui entraîne une certaine indulgence au moment de l'interprétation. Pour l'instant, son attachement sincère au club et sa vue à long terme le servent autant, sinon plus, que son oeuvre.
Sa situation : Il attend un signe. Charles Villeneuve n'est pas un fan transi, mais celui-ci devra composer avec la veto de Sébastien Bazin, représentant de
Colony Capital, séduit de longue date par le profil du triple champion de France.
Ce qui pourrait compliquer les choses : Les résultats seront les seuls juges de paix. Ce sont eux qui l'ont sauvé cet automne. Ce sont eux qui, actuellement, renforcent son crédit. Si le PSG joue le Top 5 jusqu'au printemps, Le Guen s'imposera naturellement. S'il retombe en milieu de tableau et qu'un entraîneur comme Didier Deschamps est intéressé, Paris pourrait passer à autre chose. Ne pas oublier que le Breton avait quitté Lyon de lui-même, estimant avoir fait son temps.
La phrase-clef : «
Moi, je suis admiratif de son recul et de son intelligence. Il est très lucide dans toutes ses décisions. J'ai besoin de stabilité.» (Sébastien Bazin, Camp des Loges, 4 novembre 2008)
La tendance : 50-50%.
ERIC GERETS (MARSEILLE)Son bilan : Il a pris l'OM en position de relégable en septembre 2007. L'équipe a terminé la saison à la troisième place. Elle est encore dans la course au titre cette saison. Malgré un parcours européen difficile, les supporters lui accordent un crédit énorme.
Sa situation : Il est quand même sous pression (mais tout l'organigramme de l'OM l'est depuis l'intervention de Robert Louis-Dreyfus, mercredi). Ses choix de recrutement sont contestés et son équipe a encore besoin de beaucoup de réglages.
Ce qui pourrait compliquer les choses : L'actionnaire rappelle souvent qu'il a donné carte blanche au staff en échange de promesses sur les résultats. Gerets lui-même a placé la barre très haut cet été. Seule l'une des deux premières places l'exonérerait d'un bilan critique. Par ailleurs, extraordinairement exigent, le Belge court aussi le risque de se couper de ses hommes, lui qui a souvent vu, dans sa carrière, son étoile pâlir au bout de la deuxième saison.
La phrase-clef : «
Si on atteint nos objectifs, j'attendrai une proposition du club. Après, je verrai si elle me convient ou pas.» (Eric Gerets, la Commanderie, 11 janvier 2009)
La tendance : 50-50%.