« La charrue avant les bœufs »
vendredi 23 mars 2007 - 18 h 06 - Christian RODAT
PANORAMICAu lendemain de l’annonce de Robert Louis-Dreyfus de mettre un terme aux discussions avec Jack Kachkar et alors que le Canadien se dit toujours motivé, Pape Diouf fait le point sur la situation. Pape Diouf, on annonce depuis hier que la piste Kachkar est terminée. Où en est-on ?On sait que dans ce processus, Jack Kachkar s’était porté acquéreur et avait donné dans un premier temps les garanties requises par Robert Louis-Dreyfus. Ensuite, il a été question d’un premier report que RLD a accepté. La date butoir était fixée à aujourd’hui. Autant sur la solvabilité de l’acheteur RLD avait toutes les garanties, autant il avait mis un point d’honneur à ce que la vente puisse être effective lorsque les garanties lui étaient apportées. C’est sur ce point que RLD n’a pas eu les garanties attendues et il a refusé d’accorder un deuxième délai. Si l’acheteur peut démontrer rapidement les garanties attendues, la situation pourrait être reconsidérée. Mais pour nous, qui sommes au club et qui en assurons la continuité au quotidien, ce geste important de la part de RLD démontre qu’en dépit de cette volonté exprimée et connue de s’éloigner, il reste dans sa conviction de ne laisser le club que dans des conditions de développement et de progression. Tel n’est pas le cas aujourd’hui.
Peut-il y avoir un nouveau rebondissement ?On peut toujours spéculer et penser ça. Si en quelques heures toutes les garanties voulues par le propriétaire actuel du club étaient apportées, on peut penser que la vente puisse être effective. Mais on peut en douter. En quelques heures, la possibilité réelle de réunir toutes ces garanties paraît assez compromise.
Jack Kachkar s’est pourtant comporté comme si le club était déjà sa propriété…On peut se demander s’il n’a pas mis la charrue avant les bœufs. A partir du moment où l’acheteur avait besoin de faire un devoir d’inventaire, il était normal qu’il se soit présenté. Que l’homme, dans son enthousiasme que d’aucun jugeront excessif, se soit montré de cette manière-là, oui, c’est peut-être un peu l’anecdote de l’affaire. Mais dans le fond et le développement des choses, tout ça était normal. Je crois que lorsque Jack Kachkar a été présenté au personnel du club, aux supporteurs, à la presse et aussi aux élus locaux, les premières garanties souhaitées par RLD étaient obtenues. Je peux vous dire que Jack Kachkar était quasiment sûr d’arriver à ce rachat du club. Des évènements se sont passés et ont contrarié son projet initial sur le plan financier. Mais au départ, je peux vous dire qu’il n’y avait pas seulement une mise en scène de mauvais goût. Il y avait de part et d’autre des convictions chevillées. Je pense qu’à un moment donné, Jack Kachkar avait la conviction très claire de pouvoir acheter le club. Qu’on puisse dire qu’il n’avait pas tous les éléments de connaissance du milieu et de Marseille, c’est incontestable mais les efforts qu’il avait produits sont réels.
« Une confiance absolue en RLD »Encore une affaire qui va nuire à l’image de l’OM ?
Pourquoi elle porterait atteinte à l’image du club ? J’ai pris l’habitude de dire qu’à Marseille, la règle était la turbulence. Evidemment, on va broder autour de cette affaire. On va la monter le plus loin et le plus haut possible. C’est le lot des puissants et des riches.
Pour les employés et la direction, est-ce un soulagement ou une inquiétude supplémentaire ?Au club, nous avons toujours témoigné une confiance absolue en RLD. Aujourd’hui, je pense qu’il n’y a pas lieu de s’alarmer et d’en faire un drame. Je pense plutôt que c’est un gage que nous recevons dans le sens où cela permet à chacun de penser que RLD ne s’engagera pas dans une aventure et que pour lui, assurer au club son avenir et son développement apparaît comme la chose la plus essentielle. On ne peut pas, devant une telle approche des évènements, ne pas voir le côté positif. Si les évènements ont laissé à penser que le club était pratiquement vendu, l’ensemble des salariés a continué à travailler tous les jours de la même manière. Il n’est pas question aujourd’hui d’inquiétude ou de soulagement. Disons qu’on suivait avec attention le déroulement des évènements, chacun se posant des questions comme on peut se les poser dans des circonstances analogues. Mais je peux vous assurer qu’il n’y a jamais eu dans le club ce climat d’inquiétude à paralyser les uns et les autres.
Un autre acquéreur est-il connu ?La question ne requière pas pour l’heure mon attention. RLD a toujours accepté l’idée qu’il pourrait concéder le club mais n’en a pas fait une affaire impérative. Les circonstances décideront de l’attitude de RLD. Il est prématuré de penser qu’il sera là à attendre que se présentent les uns derrière les autres des prétendants ou des acheteurs potentiels. Il sera l’actionnaire principal du club tant qu’il n’aura pas trouvé l’acquéreur dont on a brossé les caractéristiques. Depuis dix ans, RLD a porté à bout de bras ce club. Il a toujours su répondre quand il fallait démontrer sa force financière. Il n’en démordra pas. Si la vente du club doit être un jour définitive, elle le sera mais dans des conditions claires.
Avez-vous informé les joueurs de l’évolution de la situation ?Il n’y avait pas lieu de réunir une partie de l’effectif pour leur parler de la situation mais ils en ont suivi les étapes. La situation n’était pas de nature à introduire le poison dans les têtes. Il ne faut pas penser que les joueurs vont subir d’une manière ou d’une autre le contrecoup de ce qui se passe. Même si ça peut provoquer les questions et des interprétations. Mais notre rôle reste de tempérer les choses. Il faut laisser du temps au temps. Laisser les choses se décanter et se définir avant de se projeter sur un proche avenir.