Il existe deux façons d´analyser l´impressionnante mainmise de Lyon sur le
foot de l´hexa-gone :
La classique, façon médias officiels, regorge de superlatifs, et nous sert
du plus-que-parfait au rythme effréné des victoires lyonnaises. Ainsi,
L´Equipe, façon Pravda (célèbre journal soviétique, publication officielle
du Parti Communiste de 1918 à 1991) nous explique sans nuance que Lyon est
un club qui sait désormais, fait unique en France, conjuguer dans la durée
élan populaire, excellents résultats sportifs et gestion irréprochable. On
retrouve là l´art consommé du quotidien sportif de voler au secours de la
victoire comme il sait par ailleurs souffler sur les braises dès qu´une
étincelle apparaît dans un club comme, au hasard, l´OM ou le PSG.
L´autre, plus critique, pourrait presque paraître rebelle s´il ne
s´agissait au fond que d´une affaire aussi futile que le football. Si on
observe la vie de l´Olympique Lyonnais au-delà de ses seuls résultats
sportifs, que décèle-t-on ? Un système qui, insidieusement et
implacablement, vise à maintenir et même à accentuer l´avance de Lyon sur
la concurrence. Comment ?
- Par un arbitrage complaisant : depuis quelques saisons, on constate que
régulièrement les décisions litigieuses des hommes en noir tournent en
faveur de Lyon. Prises une par une, ces décisions n´ont rien de
scandaleux, rarement la faute de l´arbitre est grossière, ce qui garantit
le minimum d´écho à ces fautes. Mais si l´on suit minutieusement tous les
matchs de Lyon, on s´aperçoit que la balance penche systématiquement de
leur côté, phénomène qu´enfin, certains comme Frédéric Antonetti ont
récemment stigmatisé, sans, hélas, que le débat ne s´ouvre réellement. Par
ailleurs, la meilleure défense étant l´attaque, sur certains matchs comme
le Bordeaux-Lyon de l´an dernier, alors que le vol est flagrant, Aulas et
sa troupe oseront déclarer dès la fin du match que l´arbitrage leur a été
défavorable.
- Par des règlements arrangeants : La Coupe de la Ligue en est le plus
parfait exemple. Lyon et son effectif pléthorique ne peuvent décemment pas
jouer les "tours préliminaires", alors on institue un système de têtes de
série sans précédent dans le foot français et seul Lille, le cocu de
l´histoire, semble s´en émouvoir. Le pompon est de constater que par un
tirage au sort doublement arrangé il est décidé dès maintenant que Lyon
jouera son huitième et son éventuel quart de finale à domicile. Question :
Et si on leur donnait tout de suite cette magnifique coupe de la ligue
qu´on rebaptiserait coupe d´Aulas, tant il est évident que le président
des Gones préside en sous-main aux destinées de notre belle et digne Ligue
du football professionnel.
- Par un partage des recettes de la Ligue chaque saison plus orienté :
Selon que vous serez puissant ou misérable dit on...L´argent va à l´argent
dit-on encore. On pourrait multiplier les poncifs pour illustrer la
formidable inégalité de la réparation des droits TV. Rappelons que la
moitié des droits TV est répartie de façon égalitaire entre les 20 clubs
de D1, le reste en fonction du classement final (30%) et des diffusions TV
(20%). Ainsi l´an dernier, Lyon a récupéré plus de 42,5 M€, soit 10
millions de plus que son dauphin Bordeaux et trois fois plus que le
dernier de la classe, Metz. Comme si cela ne suffisait pas, le
nouvellement créé challenge de l´offensive représente une manne
supplémentaire de 16,7 M€. Pour mémoire, Lyon a fini meilleure attaque en
2004, 2005 et 2006... A titre de comparaison, l´autre classement gadget
inventé par la ligue, le championnat des tribunes, dont l´issue risque
d´être nettement moins favorable aux Lyonnais, ne rapportera au total que
100 000 euros, soit 167 fois moins que le challenge de l´offensive. :blink:
On peut reconnaître la qualité sportive du club lyonnais, être
impressionné par la force qu´il dégage tant en championnat qu´en coupe
d´Europe. On a aussi le droit de trouver que tout cela est trop bien
planifié, que l´incertitude, celle qui faisait jadis la gloire du sport, a
été trop bien effacée. Et le scandale dans cette affaire tient autant à
l´accumulation des événements et décisions favorables à Lyon qu´au silence
assourdissant des médias sur cette planification du succès. Et que les
Tartuffe de la ligue arrêtent de se plaindre d´assister à un championnat
trop prévisible alors qu´ils ont eux-mêmes créé les conditions de ce
triste spectacle.
Article censuré de So Foot